ft. @Luam A. Baevalrí

Il y avait quelques éclats de normalité dans la vie de Neven, d'une autre vie possible, où la nuit n'était pas offerte à Black Mamba ou un quelconque petit job tardif de dernière minute. Pour lui, ce n'était pas vraiment "normal", de pouvoir presque agir comme s'il n'y avait aucun poids sur ses épaules, parce qu'il finissait toujours par s'égarer... Jamais bien loin. Mais comme à son habitude, il finissait toujours par s'en vouloir, de faire des choses qui n'avaient pas nécessairement de sens sinon lui donner l'impression qu'il y avait une autre existence à mener que la sienne. Qu'y avait il de si mal à s'occuper des autres, leur offrir un toit, rembourser des dettes..? Pourquoi ne pouvait il pas s'en satisfaire ? Ne s'amusait il pas déjà excessivement en se distrayant parfois, à jouer avec des gamins qui le prenaient à tord pour un super-héros, ou à ennuyer quelques personnes comme ce pauvre Dàshén ? Cela aurait dû être suffisant.
Il se donnait des excuses absurdes, des "ah, on m'a demandé de venir, alors je viens", pour justifier de faire des choses qu'il n'était toujours pas sensé faire. Rien que le fait d'avoir été plus ou moins remarqué était une mauvaise chose compte tenu de ses activités illégales, mais il se disait que c'était quelqu'un du sud, qu'ici quasi tout le monde trempait dans des affaires discutables, que de ce fait, ça pourrait aller... Personne sinon ne savait que c'était lui, il se mettait dans un coin de pièce mal éclairé, et il jouait pour faire du bruit de fond et donner quelques aspects chaleureux à un bar qui ne l'était en réalité pas vraiment.
La salle se vidait et remplissait sans cesse depuis qu'il était arrivé, jouant quelques notes d'un air absent, bercé par le chaos ambiant de personnes parlant trop fort, rêvassant au fil des notes. C'était presque bien, d'être un peu invisible, caché derrière la musique, rappelé au fait que finalement, peut-être que là était sa voie. Il n'avait pas appris à se battre par attrait, il ne savait pas se battre pour d'autres raisons que parce qu'il avait dû survivre, puis qu'il avait songé pouvoir en tirer profit, tout ce qui lui était venu par attrait... Se laissant porter par l'instant, yeux clos, il fut toutefois troublé vers l'approche de la clôture par des sons de voix qui n'avaient rien de spécialement agréable. Ah, quelqu'un était en train de se faire salement saouler... Pour un futur passage à tabac à la sortie du bar, ou une extraction d'argent ? Peut-être que quelqu'un n'avait pas payé ses dettes à temps...
Rangeant sa guitare en silence dans son étui, il s'avança vers le cœur de la salle, cherchant du regard le propriétaire du bar, avant de comprendre qui était la victime. Là, attablé au bar, ne semblant décidément plus vraiment pouvoir se tenir droit, parlant d'aider la personne qui semblait déjà lui avoir versé plus d'un verre, il y avait une nouvelle personne qu'il n'était pas spécialement ravi de croiser. Que faisait donc cette saleté de Valkyrie dans un bar au sud habillé comme à une fashion week, à se faire extorquer des sous par un entourloupeur notoire du coin ? Son numéro de compte ? Il allait vraiment lui faire un virement ? C'était quoi son soucie ? Dormir chez lui avec ses enfants ?! Ce vieux renard n'avait même pas d'enfants ! Assurément, il ne risquait pas d'en avoir, quand il vivait seul, incapable de trouver une femme tant il était insupportable..! De toute façon, qu'importe le genre, il ne souhaitait à personne de finir avec ce genre de type. Mais pourquoi donc y avait il un Valkyrie pompette dans ce bar, à proposer de verser des sommes astronomiques à un inconnu et de le laisser crécher chez lui ?!
Neven ne savait pas exactement ce qui l'avait pris, c'était peut-être juste un réflexe, mais il s'était avancé, ajustant sa guitare en bandoulière sur son dos d'une main, et attrapant le téléphone portable de Luam de l'autre. Ce n'était pas qu'il en avait quoi que ce soit à faire que ce type-là en particulier se fasse vider les poches, mais il ne pouvait pas non plus le laisser se faire dévaliser... Mais c'était juste parce que la personne qui l'avait fait boire était particulièrement malhonnête, évidemment ! Et face au regard désapprobateur du Valkyrie, il lui avait juste rendu la même tête, sourcils froncés, tâchant de soutenir son regard (les probabilités de défaite face à un homme ivre étant de toute façon limitées), décontenancé par sa réaction suivante. Dévisageant d'un air mi-surpris mi-confus le jeune homme face à lui, celui-ci souriant désormais largement avec cet air de grand enfant bien heureux, il s'était enthousiasmé de son apparition, évoquant la stupide rumeur des journaux en arrêtant pas de le toucher avec son index. Et Neven était bien forcé de la constater : il était vraiment vraiment et indubitablement complètement défoncé.
Réprimant tout réflexe de défense malheureux pour se défendre de ces attaques répétées sur son bras par un semi-inconnu semi-ennemi complètement ivre, il resta quelques longues secondes à le dévisager de bas en haut avec des yeux ronds. On disait que l'alcool révélait les gens, leur vraie nature, et ce qui se trouvait sous tous les artifices... Et voilà donc que le supposé envahisseur manipulateur adroit apparaissait sous un bien étrange jour. Avec son expression actuelle, ses grands yeux aux iris semblant presque plus ronds qu'à l'accoutumé, mis en valeur par ses joues rouges au même titre que le bout de ses oreilles, il avait cet air presque adorable, qui tirait sur des cordes sensibles chez Neven. C'était le genre de bouille qui réveillait ses instincts protecteurs, lui donnant presque l'envie de le couver et le protéger, s'il n'avait pas la présence d'esprit de se souvenir de qui c'était, à savoir Luam Baeval-machin truc, un Valkyrie, et une très mauvaise nouvelle pour lui. Les dernières entrevues n'avaient pas été agréables, il avait mal vécu les semaines à redouter qu'il le dénonce, leur confrontation, cette histoire d'argent, et le fait d'avoir en plus ce sale type à s'incruster dans ses SMS. Il l'avait laissé en lu pour son dernier message en plus... Quel intérêt à squatter les messageries des gens si c'était pour leur mettre des vents ensuite...
"Toi. Debout. J'te ramène, et tu t'lèves tout de suite, gronda t-il, se voulant autoritaire, prenant l'air le plus convaincant qu'il pouvait. Et, incertain d'avoir été compris, il lui attrapa le bras pour le forcer à lever son derrière du tabouret où il était installé, faisant ensuite volte-face vers la personne qui semblait lui avoir servit bien trop d'alcool pour ses capacités d'ingestion. Pointant ses propres yeux du doigts, puis le vieux renard qui avait faillit extorquer plus d'argent que raison au Valkyrie, il lui adressa ensuite un signe menaçant, mimant une gorge tranchée, cherchant ensuite le barman du regard. "J'm'occupe du Valkyrie, l'est complètement explosé, j'sais pas s'il peut rentrer tout seul sans finir la nuit dans un caniveau." Et lui, dans un caniveau, il se réveillerait tout nu et sans le sous le matin venu. Quelle idée de venir accoutré comme ça ici, et dans un bar en plus... N'avait il pas sentit que cette personne était louche ? Et pour commencer, qu'est ce qu'il faisait donc au sud ? Ce n'était pas du bénévolat de boire dans un bar !
Essayant de soutenir le poids de l'autre jeune homme, il tenta de le traîner jusqu'à la sortie du bar, d'ici là se voyant forcé de remarquer quelque chose : impossible de faire plusieurs kilomètres à à moitié le porter alors qu'il pesait son poids (c'était évident, avec la taille qu'il faisait, il ne pouvait pas être aussi léger qu'un petit chaton), et qu'il avait déjà sa guitare sur le dos. Et puis, ça se trouve, il pourrait bien finir par devoir le porter complètement... Et où était il sensé le déposer..? Comment pouvait il seulement..? Se retournant en direction du bar, cherchant le barman du regard, il questionna : "Eh, ta brouette... La dernière fois j'ai vu une brouette d'vant ton bar pour les ivrognes.... J'peux t'l'emprunter ? J'ramène ça d'main." Après tout, si elle était pour les ivrognes, il allait bien l'utiliser pour son rôle de base... Mais s'il n'y avait pas de brouette...
Plein d'espoir, il resta là quelques secondes avant qu'on lui dise que le précieux outil salvateur existait encore, envoyant quelques regards au Valkyrie vacillant à ses côtés en attendant qu'on la ramène. Combien de verres avait il pris cet andouille ? Mais à bien y songer, c'était un peu intriguant... On lui avait toujours raconté à quel point les Valkyries étaient une espèce évoluée, puissante et exceptionnelle, disposant d'une force dépassant celle des personnes lambdas, résistants mieux que la moyenne aux maladies, et vivant plus longtemps que quasi tout le monde... Mais même avec de tels gênes, il était possible de finir ivre. Étonnant. Ne pouvant s'en empêcher, il appuya sur une des joues rouges et un brin chaudes du garçon avec un index, marmonnant un "Vaincu sans bataille par de l'alcool... J'espère ça ça finira pas dans des journaux..." Si sa réputation avait pas été amochée par la dernière rumeur, celle-ci certainement lui apporterait nombre d'ennuis. Il était probablement mal vu d'aller se saouler dans la partie la moins bien réputée de Sainte-Fontaine quand on était sensés être un symbole en tant que descendants de héros et héroïnes hérigé-e-s en demi-dieux par la société.
La brouette déposée à l'entrée, il força à nouveau Luam à avancer, lui désignant le futur moyen de transport de la soirée avec un grand : "Montez dans votre carrosse monseigneur." Esquissant un grand sourire taquin, une lueur espiègle dans le regard, il ne pu s'empêcher de se trouver un brin amusé à l'idée de faire monter une telle personne dans une brouette. Oh, peut-être qu'il pouvait bien s'assurer qu'il rentrait quelque part en sécurité... Oui, c'était quelqu'un qui n'appréciait pas, mais l'idée de le balader en brouette dans les rues de Sainte-Fontaine apaisait un brin le mécontentement général qu'il éprouvait à son égard. "J'te ramène où ?" Impossible qu'il soit allé tout seul dans les quartiers sud sans quelqu'un non loin chez qui crécher, n'est ce pas ? Il devait bien y avoir quelque part où le déposer à la frontière avec l'est, ou peut-être dans une rue plus riche non loin...

@Luam A. Baevalrí

CW : émétophobie

L'image que Neven avait de Luam jusque là était floue, mais tendait plus ou moins à le décrire comme une personne aux intentions confuses avec des talents pour tromper son monde. C'était ce qui lui avait semblé évident, avec ce qu'il avait fait et dit... A vrai dire, c'était surtout que ses actions semblaient contredire ses mots, ou alors, qu'il était la personnification même des choses contraires, frustrant inévitablement le Sluagh, qui n'avait, contrairement à la plupart des représentants de son espèce, pas la capacité d'analyser ce qu'il percevait.
Et voilà donc que le destin lui offrait une vision inédite (?) de cette personne qu'il peinait à cerner, et ne souhaitait pas vraiment recroiser. Etait-ce la même personne, et qu'était il sensé songer ? Sa morale l'avait poussé à l'empêcher de se faire plumer, mais il y avait toujours quelque chose en lui de dérangé par la présence de l'autre, cherchant des indices pouvant signifier qu'il y avait un piège, une vraie nature cachée derrière cette nouvelle façade innocente et pataude du Valkyrie. Parce qu'ainsi, il paraissait tellement inoffensif... Même apprêté comme quelqu'un qui avec les vêtements sur lui pourrait racheter un bâtiment entier, avec cette richesse menaçante qui n'englobait que le pouvoir que la société offrait aux êtres particuliers comme lui, il ne ressemblait plus à rien qui puisse faire du mal, comme si l'alcool avait rongé les perçus angles aiguisés.
A vrai dire, il ressemblait quasi à un des nombreux gamins dont il s'occupait parfois, à avoir l'air si vexé qu'on lui demande de se lever pour partir sans le saluer, tentant de s’aplatir là où il était assis comme un animal têtu, comme si quelque part, dans son ivresse, il s'était imaginé qu'on lui parle gentiment, qu'on joue avec lui. Pourquoi lui parlerait il comme à un ami ? Ils n'étaient pas amis ! Pires, ils étaient sensés être ennemis. Ou presque ennemis. Quelque chose de pas terrible, dans tous les cas. Mais c'était comme si dans son attitude, il semblait émettre un désir de se faire parler autrement, comme s'ils étaient en meilleurs termes, râlant à l'idée qu'on ne le désigne pas par son prénom. Mais par quel prénom était il de toute façon sensé l'appeler ? Il s'était présenté comme étant un "Lucas", et il avait appris qu'il s'appelait en réalité "Luam" bien après, sans que l'intéressé ait lui-même partagé sa véritable identité. Il avait compris qu'il était un Valkyrie dès le premier soir, quel intérêt y avait il eu de son côté à s'inventer un prénom ? Et comment devait il donc s'adresser à lui ? Sous sa fausse identité, ou sous son vrai prénom ? A défaut, il lui semblait qu'en plus, dire "le Valkyrie" était clair pour absolument toutes les personnes autour.
Rassuré de finalement constater que la grande perche à ses côtés semblait s'être fait à l'idée qu'il fallait rentrer, attrapant son manteau, il s'était enquit de la présence ou non de la brouette du propriétaire du bar. Après tout, il pouvait avoir autant de muscles qu'il voulait, il ne pourrait pas soutenir un Luam entier tout du long... Mais, après un manque curieux de protestation alors qu'il parlait d'un moyen de transport peu gracieux, le pauvre jeune homme à ses côtés semblait s'être réanimé l'espace d'un instant de pseudo-lucidité, sonnant fragile et honteux en se défendant d'avoir bu de l'alcool, n'évoquant que du jus de fruits. A son ton minuscule, il apparaissait alors bien plus comme un pauvre petit chiot abandonné sur la voirie qu'un grand héritier d'une des familles les plus puissantes du monde. Et comment oser mal parler à quelqu'un comme ça ? Neven n'avait définitivement pas le coeur. Même à un vrai ennemi, si celui-ci était dans cet état, il serait incapable de trop forcer être une brute dépourvue d'empathie. "T'excuse pas, t'as été piégé... La prochaine fois, bois juste pas de jus de fruits offerts par des gens dans les bars, ok ?" lui marmonna t-il sur le ton d'un grand-frère soucieux. C'était plus fort que lui, il fallait qu'il s'adresse à lui comme aux gosses dont ils s'occupaient quand ils étaient chafouins, parce que c'était tout ce qu'il connaissait. Il ne savait pas vraiment interagir normalement avec des personnes de son âge au fond, il avait surtout appris à s'occuper d'enfants, et tout le reste n'était jamais qu'improvisation sur le tas de capacités sociales sorties du chapeau.
Et puis, à bien regarder les choses... Un adulte, ce n'était jamais qu'un grand enfant... Et à regarder ce pauvre Luam, avec ses joues rouges et ses grands yeux innocents, il lui semblait pas bien loin d'un enfant chagrin à l'esprit brouillé par la fatigue et des émotions trop fortes pour son petit cœur. La seule différence, c'était que lui, il était complètement ivre... Et grand aussi. Avec une voix un peu plus grave qu'un petit garçon de six ans. S'il se faisait apercevoir comme ça par quelqu'un affilié à la presse, il pourrait avoir des problèmes... Et à l'évocation du sujet, il sembla clair que la dernière rumeur l'avait forcé à avaler une pilule difficile : en tant que personne d'une grande famille, il y avait probablement toujours des ennuis à la clé au fait d'être tout le temps observé. C'était une chose qui sonnait un brin cauchemardesque, même s'il ne savait pas bien quelle était l'étendue des conséquences pour le Valkyrie, il n'avait rien à gagner à chercher à attirer sur lui les regards de personnes mal intentionnées. Il avait déjà bien assez souffert pour la soirée...
Alors, quand la brouette fut finalement déposée à l'entrée, il s'empressa plutôt de la présenter comme le carrosse de la soirée à l'autre jeune homme non sans un certain enthousiasme, amusé par les éclairs lucides qui semblaient traverser l'esprit du médiateur culturel. Il n'avait rien d'autre à lui proposer, alors il devrait se contenter de ça... Et puis, c'était drôle, non ? Ou alors, il n'y avait que lui à trouver ça distrayant. Mais le plus amusant, c'était probablement de voir le Valkyrie s'entêter à marcher, manquer de tomber, et finalement se poser dans la brouette, vaincu. Ah, l'atteinte à sa fierté resterait entre eux...
Se retenant de faire une remarque à l'égard de Luam, le derrière vissé dans la brouette glacée, il fut toutefois interrompu par les protestations de l'intéressé, visiblement pressé de sortir de là. Il fallait dire qu'il ne faisait de même pas bien chaud dehors... La nuit, la température pouvait encore tomber sous la barre du zéro, s'accompagnant de vents mordants ingrats que nul ne devait si bien supporter. C'était le genre de temps qui faisait envier à tout le monde les personnes capables d'utiliser une magie élémentaire associée au feu... Mais il ne pu s'empêcher d'être suspicieux quand le Valkyrie tendit les bras, lui demandant de lui prêter sa guitare le long du trajet. Il ne savait pas qu'il jouait... Encore heureux ! Se prenait il vraiment pour son ami ? Quand étaient ils seulement devenus amis ?! L'alcool le faisait vraiment débloquer, pauvre fils de fanfreluches... Pouvait il vraiment lui laisser son précieux instrument ? C'était que ça coûtait cher... Et puis... Il se retrouva gêné par ses compliments, laissant l'instrument glisser de son épaule, cachant ses rougeurs derrière l'étui avant de déposer l'instrument dans les bras du garçon dans la brouette. Est-ce que c'était vraiment sincère ? Depuis quand disait on ce genre de choses à son ennemi ? Ne devrait il pas plutôt être fâché contre lui au vu de leur dernière entrevue ? Ne serait-il pas normal de parler comme une vipère perfide et laisser aller son ressentiment en prenant l'alcool en excuse ? On ne lui avait jamais dit ce genre d'absurdités non plus, celle qui sous-entendait qu'il savait faire pleins de choses. Il avait plus l'habitude d'être un incapable, bon qu'à la bagarre et ennuyer tout le monde. Et quelques part, il était donc incapable de croire ces mots, quand bien même il semblait évident qu'il était difficile de mentir en étant dans l'état dans lequel était Luam. Toutefois, il marmonna un gêné "Merci", attrapant les poignées de la brouette comme pour chasser aussitôt le sujet, cherchant à esquiver le regard du Valkyrie quand celui-ci se retourna pour lui sourire. Décidément, il ne pigeait strictement rien à ce type...
Questionnant donc le passager de la brouette sur où il devait l'amener, s’imaginant qu'il devait avoir un point de chute non loin, il se retrouva bien embêté quand les instructions vinrent. A l'ouest de la ville, probablement dans un des quartiers les plus huppés de là-bas, dans une des grandes tours... Il voyait plus ou moins où ça pouvait être, il lui arrivait de les entrevoir quand il se rendait à l'hôpital ou en chemin pour ennuyer Dàshén, se demandant bien qui pouvait donc vivre dans des bâtiments aussi inutilement grands. Alors où était il sensé le déposer ? Il ne pouvait pas se rendre à quasi l'autre bout de la ville comme ça, à pieds, avec un type dans une brouette... Et il était hors de question de prendre les transports en commun ? Commençant pourtant à marcher, se demandant donc bien où il pourrait le déposer sans risquer de se faire apercevoir par trop de monde, et sans parcourir de distances irréalistes, seulement arrêté quand son passager se releva subitement, traversé par un haut le cœur. S'arrêtant donc l'espace d'un instant, un brin inquiet, il demanda donc : "Ça va aller ?" Il se rendait compte subitement qu'il savait s'occuper d'enfants chafouins, mais pas d'adultes alcoolisés. Et ce détail le forçait un peu à réaliser la situation. Que faire s'il vomissait partout ? Il était probablement mieux qu'il vomisse au chaud, dans tous les cas... Alors il avait repris sa route, essayant de marcher doucement et d'éviter les nids de boule pour minimiser les risques d'inconforts, sourcils froncés comme si ça allait l'aider à mieux se concentrer sur ses mouvements.
Fort heureusement, les nausées du Valkyrie étaient passées, celui-ci reposant son menton sur le bord de la brouette, le faisant s'arrêter à nouveau en prononçant son prénom. Où l'avait il entendu ? Ou appris ? Est-ce que c'était quand il s'était entretenu avec sa patronne du restaurant ? Dans tous les cas, il n'était pas bien sûr de savoir comment se sentir à l'entendre de sa bouche. Il connaissait son vrai prénom, et lui, il avait appris le sien dans des journaux... Même en tant qu'ennemi, ça semblait malhonnête. Il se pinça donc les lèvres, incapable de savoir quoi dire en l'entendant le remercier, saisit d'une profonde incompréhension. Qu'est ce qu'il était sensé comprendre, quelle analyse devait il tirer de tout ça ? Il ignorait seulement s'il était sincère, tout ce qu'il sentait émaner de Luam, c'était des effluves d'alcool et quelques teintes d'odeurs de pluie sur le bitume et d'orange. Et tout ça, ça ne voulait rien dire de clair dans sa tête : rien de spécialement négatif ou positif, et en dehors de ces deux critères, il était incapable de saisir plus de personnes qu'il connaissait mal. Et en l'entendait parler de copie, il chercha à déceler son taux de sincérité sans rien sentir de concluant, partagé lui-même entre des sentiments conflictuels. Oui, il lui en voulait pour cette affaire de photographie... Il en avait fait des insomnies et des cauchemars, il avait craint pour la sécurité des personnes sur qui il était sensé veiller, il s'était imaginé les pires scénarios... Et à vrai dire, il ne comprenait toujours pas pourquoi donc quelqu'un aurait eu besoin d'une photo du voyou l'ayant aidé face à une équipe d'assassins. L'excuse de la dernière fois ne lui semblait toujours pas faire sens.
Se contentant du silence, incapable de dire quoi que ce soit de particulièrement sensé ou qui puisse retranscrire ses pensées du moment, il pencha la tête de côté à nouveau en le re-entendant parler. Il avait... oublié ses papiers sur le comptoirs ? ...Et les coordonnées de l'autre vieux renard d'arnaqueurs. Seigneur, pensait il encore que c'était un pauvre type en détresse ?! "...Je vais te chercher ça." Déposant la brouette, il fit toutefois une pause de plusieurs secondes. Pouvait il le laisser tout seul comme ça le temps de récupérer des papiers ? N'allait il pas s'échapper ? Ne pouvait il pas y avoir quelqu'un à venir encore essayer de lui extorquer des sous ? "Reste bien sage ici et... Si quelqu'un approche trop près, tu cries, ok ?" Il ne pouvait pas lui demander de frapper une quelconque personne approchant de lui... S'il était ivre, et avec la force qu'avaient naturellement les Valkyries... Il ne pourrait jamais vraiment oublier complétement le bruit du poing de Luam rencontrant le corps d'un des assassins d'il y a deux mois, c'était tellement surréaliste que ça aurait pu être un son dans un film pour un personnage super-puissant. Et avec ça, il ne voulait pas qu'il risque de tuer quelqu'un sans faire exprès juste parce qu'il était ivre et donc pas en pleine possession de ses moyens...
Il jeta donc un dernier regard vers la brouette, partant ensuite en courant en direction du bar, dévalant la rue, n'arrêtant sa course effrénée qu'une fois arrivé à destination, ne prenant qu'à peine le temps de reprendre son souffle pour se précipiter à l'intérieur et chercher ce qui pourraient être les papiers évoqués par le Valkyrie. Des trucs compliqués... Avec des mots qu'il ne comprendrait pas... Un truc en lien avec de la diplomatie, probablement. Même s'il ignorait vraiment en quoi ça consistait. Ignorant les regards curieux de l'homme qui avait essayé juste avant d'extorquer des sommes faramineuses au garçon abandonné non loin dans la brouette, il ne s'arrêta qu'en apercevant... ce qui semblait pas seulement être des papiers pour le travail, mais aussi un autre type de papiers. Croisant le regard du propriétaire et barman, il se contenta d'un bref sourire, clarifiant la situation, ramassant ce qu'il avait trouvé. Mince, il avait vraiment donné tout ce qu'il avait sur lui pour qu'on puisse aussi l'ennuyer après coup ? L'alcool lui était il si vite monté à la tête ? Combien de verres avait il pris ?
Repartant à la même vitesse qu'à celle à laquelle il était arrivé, il tendit les papiers à Luam, tâchant d'assez reprendre son souffle pour parler de manière claire avant de sortir le premier bobard venu pour dire : "Le mec de tout à l'heure était d'jà plus là." Parce que s'il n'avait pas semblé saisir qu'il l'avait entubé, autant utiliser d'autres excuses. Il ne se sentait pas fier à l'idée de mentir, mais il avait plus ou moins la présence d'esprit pour comprendre que "je lui ai rien demandé parce que c'est un connard qui t'a mentit" pourrait peut-être braquer le Valkyrie. Et pouvait il vraiment s'offrir le luxe de risquer de le pousser à s'énerver et potentiellement s'échapper de la brouette ? Il aurait dû demander une corde pour l'y attacher... On maintenait après tout aussi les bébés pour qu'ils ne s'évadent pas de leurs poussettes, même s'il ne s'agissait pas non plus de les saucissonner.
Rattrapant les poignées de la brouette sans cérémonies pour se remettre en marche, il se retrouva toutefois face à son problème initial : où l'emmener ? Il ne pouvait pas l'emmener chez des ami-e-s à lui : ça serait les déranger, et il ne voulait pas les déranger. De plus, quasi tout le monde dormait déjà à cet air... Il ne pouvait pas le conduire à l'ouest non plus... Et puis.... Peut-être qu'Algernon allait l'assassiner pour ça, mais avait il d'autres choix ? Le canapé n'était probablement pas spécialement confortable pour des critères de garçon de bonne famille, mais il y avait aussi un plaid... De plus, avec ça, il serait certain qu'il ne se ferait pas vider les poches pendant la nuit... Il pourrait même lui remplir les poches avec son stupide argent qu'il avait donné pour se venger. "L'ouest c'est un peu loin mais... J'peux te ramener quelque part où tu seras en sécurité. Et personne pourra te voir et écrire un article dans un journal à propos d'cette nuit, promis." Ce n'était jamais qu'à quelques rues de là où ils étaient déjà... Il pourrait aussi s'assurer de lui donner de quoi un peu éponger l'alcool : il ne devait pas avoir grand chose dans l'estomac. On ne mangeait pas vraiment dans un bar, après tout... Ou alors, était il allé dîner avant ? De toute façon, au moins un verre d'eau ne pourrait que faire du bien.
Marchant donc d'un pas assuré, veillant toujours à ce que la brouette soit un minimum stable, il repensa aux mots du Valkyrie. Il avait semblé presque paniqué par cette histoire d'article... Avait-ce été si grave que ça ? "Les gens t'ont causé du soucie, la dernière fois ? J'veux dire... pour l'article..." Mirant les rares lumières des habitations, restant le plus prudent possible dans les espaces moins éclairés du fait des nombreux lampadaires en panne dont les ampoules ne seraient peut-être pas changées avant des années plus tard, il en profita pour songer à une tactique à leur arrivée. Une fois en bas de l'immeuble, il pourrait déposer la brouette dans le hall, et après soutenir Luam dans l'escalier, ouvrir la porte sans un bruit après avoir partagé des instructions, directement le porter sur le canapé... Faudrait il allumer la lumière du salon ? Ce serait risquer de réveiller les autres. Il ne le faisait jamais quand c'était lui, mais avec une autre personne comme ça... Et comment lui montrer où étaient les toilettes pour vomir s'il n'allumait aucune lumière ? Mais et s'il réveillait Swan, Naevis, Amicia ou Algernon ? Il devrait leur acheter des choses pour se faire pardonner... Ou s'occuper des corvées... De toute façon, dans aucun scénario l'autre gardien-ne de la colocation laisserait filer le fait qu'il ait ramené un inconnu sans conséquences. Iel n'avait pas la capacité de le raisonner ou de lui faire changer ses modes d'actions, mais iel avait assurément le pouvoir de lui tirer les oreilles et rendre les lieux invivables pour lui autant qu'il lui plaisait. Tant pis, il irait dormir ailleurs. "J't'emmène chez des ami-e-s. Iels doivent dormir, donc tu les verras pas, mais personne te causera d'soucies, promis." Naevis et Swan n'auraient probablement pas grand intérêt pour un intrus, il s'assurerait qu'Amicia soit concentrée sur le fait de filer à l'école, et il savait qu'Algernon se montrerait agréable même face à un intrus non validé par sa personne. De toute façon, quand il restait là-bas, c'était bien lui l'élément insupportable des lieux. Et il apportait encore des problèmes pour cette fois, semblait il... Mais il ne pouvait pas forcer le Valkyrie à crécher dehors, c'était trop dangereux.

@Luam A. Baevalrí

CW : émétophobie

Neven avait beau avoir parfois quelque chose de très immature en lui, il était capable de remise en question au sujet d'autres personnes, et les péripéties inattendues de la nuit tendaient à le forcer à voir les choses autrement. L'alcool ne changeait pas qui les gens étaient au cœur, le breuvage avait juste tendance à exacerber certains traits, et tout ce qu'il voyait se tenait bien loin de l'image confuse du Valkyrie. L'esprit troublé, il avait l'air vulnérable, sincèrement altruiste, et plutôt naïf aussi. Le balader dans une brouette, ivre recroquevillé dans le moyen de transport de circonstance, tendait aussi à apaiser les derniers griefs... C'était presque un miracle, qu'il arrive à se faire tout petit là-dedans sans dépasser, tout en étant étonnamment plutôt sage après la désapprobation initiale en apercevant la brouette. Le Sluagh certainement ne risquait pas de se plaindre d'avoir pris en charge quelqu'un de si tranquille : il aurait bien eu du mal à ne pas l'abandonner par terre en cours de trajet s'il avait été un brin trop insupportable.
Toutefois, le trajet fut interrompu par l'annonce de l'oubli d'objet au bar, poussant le membre de Black Mamba à aller les chercher, non sans se trouver un brin embêté par l'idée que l'ambassadeur au grand cœur semblait véritablement avoir été en contact avec une personne dans une extrême précarité. Sauver des arnaqueurs... Un garçon comme ça, ça ne se laissait pas tout seul dans des endroits fréquentés par des voyous qui faisaient les poches des autres. Mais il était bizarre tout ce même, pour un Valkyrie... C'était ça son vrai lui ? En toute sincérité ? C'était difficile à croire, mais en le voyant comme ça, il devait bien se résoudre à croire qu'il y avait quelque chose qu'il avait mal compris. Et puis, il s'était excusé pour cette histoire de photo...
Demandant donc au jeune homme dans la brouette de ne pas bouger, et de crier si quelqu'un approchant, prenant de l'avance en évitant de demander quelque chose d'aussi irresponsable que "si quelqu'un d'inconnu approche, tu frappes", il s'en alla récupérer ce qui avait été oublié au point de départ. Il n'était pas bien certain de pouvoir le laisser comme ça... Et si quelqu'un apparaissait pour à nouveau lui faire les poches ? Peut-être bien qu'il avait l'impression d'avoir laissé un enfant tout seul le temps d'aller chercher quelque chose, parce qu'il ressentait le même type d'anxiété absurde. Fort heureusement, Luam était techniquement plus sage qu'un enfant... Peut-être. Est-ce qu'il y avait un risque qu'il se lève et suive une lumière colorée ou accepte des bonbons ? Non. Non, évidemment, ça c'était plus une chose que lui ferait.
Revenant avec les papiers oubliés, il se retrouva un brin désemparé en entendant le ton plaintif du Valkyrie, soufflant de sa voix tremblotante des mots qui ne pouvaient qu'un brin heurté le Sluagh. Il se retrouvait propulsé des années avant, face à une enfant prostrée par terre, de grosses larmes dévalant ses joues rondes, terrorisée à l'idée d'être toute seule à nouveau, pleurant dans ses bras et ne s'endormant qu'une fois certaine de ne plus être laissée pour compte... Il avait promis de ne jamais l'abandonner, il l'avait quasi élevée, elle était la personne la plus importante à ses yeux, et dans les mots de Luam, il ne pouvait s'empêcher de la revoir. Et il se sentait coupable de pas être arrivé plus tôt, ou d'avoir dû s'absenter ainsi. Ce n'était pas son ami... Mais dans cette situation... Il ne voulait pas être comme les autres. Il ne voulait pas infliger aux autres ce qu'on lui avait infligé. "Abandonner les autres c'pas un truc de gangster. J'r'viens toujours." Il lui rendit ses papiers, préférant mentir quant à l’arnaqueur. Si Luam ne pouvait accepter dans son état qu'on avait voulu l'arnaquer, il était mieux de prétendre qu'il était juste déjà parti... Ce n'était pas bien de mentir non plus, il n'était pas à l'aise à l'idée de le faire, mais pour une fois, il avait la présence d'esprit d'en convenir que c'était la meilleure chose à faire.
Rattrapant donc les poignées de la brouette pour reprendre sa marche, réfléchissant à où il serait mieux d'aller, il en était arrivé à songer qu'il n'y avait probablement pas destination plus raisonnable que l'appartement qu'il partageait avec les autres. C'était proche... Il n'y aurait pas besoin de prendre de transports en commun... Il y avait donc peu de risques que quelqu'un les aperçoive, et il avait plus que l'endurance nécessaire pour aller jusque là. Il ne s'agissait que d'une nuit, il n'aurait qu'à l'installer sur le canapé...
Puis, son esprit se perdit à nouveau en se souvenant des quelques réactions curieuses de Luam quant à cette histoire d'articles. Bien sûr, il s'imaginait bien que les familles de Valkyrie pouvaient être sévères avec les plus jeunes : leurs nombreux privilèges s'accompagnaient aussi d'une ligne de conduite stricte à suivre, propre à chaque famille. Les jeunes pouvaient dit-on rarement tant que ça s'y épanouir dans les familles les plus difficiles... Mais il avait semblé vraiment atteint, peut-être même effrayé à l'idée d'avoir de nouveaux ennuis avec la presse... Etait-ce normal ? Il peinait à s'imaginer comment était une famille stricte, il lui était déjà compliqué à imaginer une famille tout court en détails, et il se retrouvait donc un peu dénué de références suffisantes sur le sujet pour savoir ce qu'il en était. Questionnant donc le Valkyrie, il l'entendit rire non sans une certaine amertume s'exprimant dans une soudaine odeur plus marquée de pluie et d'agrumes, évoquant que son père n'avait pas aimé la prose. Son père... C'était donc l'objet de ses inquiétudes en relation avec ces histoires d'articles... Faisait il peur ?
Cherchant à se montrer rassurant, Neven s'empressa de partager au Valkyrie où il l'emmenait, assurant qu'il ne serait pas embêté, certain que de toute façon, personne là-dedans n'en ferait un article de presse si une semi-célébrité créchait un soir dans le même appartement. S'ils étaient assez discrets, personne ne serait réveillé, et il ne serait donc possible de croiser d'autres personnes qu'au matin... Il n'aurait qu'à presser le trio des protégé-e-s à se dépêcher de se préparer pour l'université, et pour Algernon... Il aviserait sur le moment. Iel ne se montrerait probablement pas désagréable devant un invité si celui-ci se tenait bien. Mais la question de Luam ne se porta pas vraiment sur quelque chose qu'il aurait pu prévoir, le laissant un brin confus. Il n'avait pas de chez lui ? Qu'est ce que ça voulait dire ? Là-bas, c'était l'appartement d'Amicia. Et des autres. Mais chez lui... Il ne pouvait pas appeler ce lieu ainsi. Il y avait laissé des affaires, certes, mais il ne se sentait jamais que comme s'il squattait le logement de quelqu'un d'autre, quand bien même il y créchait depuis plusieurs années... Et ainsi, il ne savait pas trop comment répondre, parce qu'il lui semblait qu'il n'avait pas de chez lui. Il était chez les autres tout le temps, c'était tout. Il n'avait pas besoin de ces choses, il avait surtout voulu un toit pour Amicia... Secouant la tête, il se contenta d'ignorer la question, surpris en voyant le jeune homme dans la brouette pour la première fois s'agiter, protestant à vive voix, refusant de déranger, l'obligeant à s'arrêter pour se relever avec toute l'adresse possible dans son état. Toutefois, c'était un brin trop tard pour lui : ils étaient déjà arrivés. "Trop tard, on y est d'jà." S'il cherchait à s'enfuir, il n'aurait qu'à l'attacher... Il le monterait avec la brouette... Mais étant donné qu'il était un Valkyrie, n'y avait il pas un risque qu'il puisse se libérer ? Ce serait bien fâcheux...
Rangeant la brouette dans un coin, il consulta du regard le Valkyrie boudeur non loin, qui une nouvelle fois avait une demande bien particulière, semblant craindre une nouvelle fois de se faire laisser tomber. Tenait il vraiment à se faire accompagner de quelqu'un qui avait menacé de l'étriper il y a plusieurs semaines ? Lui manquait il un instinct de survie ? Pauvre garçon, il ne pouvait décidément pas l'abandonner sans défenses comme ça... "Si y'avait Black Mamba là-d'dans t'aurais des problèmes, tu sais ?" Il ne savait pas bien ce qui pourrait arriver, mais il ne s'imaginait pas que les autres aient de bonnes intentions à l'égard d'un fils de bonne famille. Certaines personnes voudraient volontiers en faire un otage, et obtenir des choses à la hauteur de la valeur de Luam... Peut-être des avantages sociaux, un changement fonctionnel de quelque chose, de l'argent... D'autres en feraient bien un prisonnier pour des raisons plus sombres... De toute façon, il y avait tellement de personnes dans cette organisation, tout le monde n'y avait pas les mêmes idées ou les mêmes plans.
Il se contenta d'un petit rire amusé en voyant le Valkyrie s'agiter, affirmant d'une manière bien décidée qu'il n'aimait pas Black Mamba, quelques secondes après avoir semblé d'une humeur bien autre en pensant qu'il puisse s'agir d'un repère. Puis, il resta un brin dubitatif face à sa dernière affirmation, penchant la tête de côté. "Ils" voulaient qu'il le déteste ? Qui ? Qu'est ce qu'il racontait encore ? "J'm'en fiche si tu m'détestes. Ou si d'autres te disent d'me détester," avança le Sluagh d'un air détaché. Ça ne les rendaient pas originaux, beaucoup de gens étaient comme ça, et il ne se sentirait probablement jamais heurté que par la quasi haine sans aucune explication véritable qu'avaient eu pour son existences certains membres de l'Ordre de l'Apocalypse. Il préférait quand on le détestait avec une raison. Il avait l'habitude d'être détesté, ce n'était plus non plus si perturbant.
Rejoignant Luam, qui semblait déjà s'entêter à monter les escaliers sans même savoir à quel étage aller et en étant obligé de s'accrocher à la rampe pour seulement ne pas basculer, il lui vola l'instrument des mains, l'attrapant par-dessous l'épaule la plus proche ensuite pour le soutenir. "Appuies toi sur moi. Il n'y a qu'un étage à monter." Il le conduisit aussi non sans difficulté compte-tenu de l'état du Valkyrie jusqu'au premier étage, traversant ensuite un petit couloir pour se rendre au bout, cherchant dans ses poches de sa main libre ses clés, récitant des instructions bateaux en même temps : "Une fois entré, il faudra parler à voix basse. Les autres dorment probablement, il ne faut pas les réveiller." Sauf s'il décidait d'être subitement incontrôlable, il lui semblait que le reste de la soirée lui avait montré que ça devrait aller. Il suffisait de le mener jusqu'au canapé, de l'emmitoufler dans un plaid, de lui dire bonne nuit, et d'attendre qu'il s'endorme...
Clés en main, il ouvrit ainsi la porte, aidant le Valkyrie à la passer, se demandant s'il devait allumer la lumière. S'il devait lui montrer où étaient les toilettes... Mais s'il réveillait les autres... Secouant la tête, il tâcha de guider Luam après avoir finalement convenu d'allumer que l'ampoule de la cuisine au fond, laissant ainsi assez de lumière sans nécessairement trop en projeter au pas des portes fermées des chambres des autres colocataires. Après quelques pas, arrivé face au canapé, il indiqua à voix basse : "Là, allonge-toi, c'est l'canapé. J't'apporte un plaid." Incertain de s'il était capable de s'asseoir tout seul après l'avoir lâché, il resta non loin, comme pour le rattraper s'il tombait, avant d'attraper le plaid soigneusement plié à côté, parcouru subitement d'une réalisation absurde mais néanmoins critique : et si c'était trop petit ? Et est-ce que Luam pouvait s'en sortir avec tout seul, ou devait il le border ? Contemplant l'objet dans ses mains, il se trouva à remettre la question à plus tard, préférant un brin présenter les yeux à Luam : "S'tu veux aller aux toilettes, c'est la porte la plus au fond à gauche. Les autres pièces sont les chambres des autres. Désolé, y'a pas d'chauffage, faudra vraiment qu'tu restes sous l'plaid." Puis, plissant les yeux, il demanda sur un ton maladroit : "Hum... Sinon ça va, t'as pas envie d'gerber ?" Ce n'était pas qu'il était peu enthousiaste à l'idée qu'il dégobille sur le plaid ou le canapé ou de devoir l'accompagner aux toilettes en urgence, mais peut-être que l'idée le rendait un peu inquiet. Il ignorait à quel point exactement il était intoxiqué, et étant donné sa maladresse actuelle...
Chassant les images désagréables de son esprit, il se rapprocha à nouveau du Valkyrie, pris d'une envie subite de lui ébouriffer la chevelure, décidant de ne pas se retenir tant qu'il avait l'occasion. Quand il serait sobre, ça serait impossible... Et puis, avec ses grands yeux mouillés (c'était terrible, comment pouvaient ils subitement avoir l'air d'autant ressortir ?), et son petit air de chiot malheureux, il devait bien admettre qu'il était plutôt mignon. Le couvrant finalement du plaid qu'il avait jusque là garder dans ses mains sans rien faire avec la précaution qu'on prendrait en bordant un enfant, il le questionna donc sur un ton un brin trop doux pour quelqu'un qui parlait à un supposé ennemi : "T'as b'soin d'une histoire pour dormir ? T'veux une peluche ?" Il était probablement trompé par les sursauts d'affection que lui évoquaient l'image actuelle du Valkyrie, et était bien trop habitué à suivre la même procédure que s'il se trouvait en face d'un petit garçon. Il avait bien des histoires à raconter... Et la peluche était sous le canapé, dans la boîte, il pouvait bien la lui prêter... Et puis, en prenant soin de lui, il se sentait un brin plus serein à propos de lui-même : il se rendait utile, et il pouvait s'assurer que quelqu'un allait bien. Il avait beau se prendre pour un voyou, il n'était pourtant jamais plus important pour lui de couver tout ce qui bougeait. Il pouvait protéger les gens, s'assurer qu'ils n'avaient pas froid, pas faim, pas soif, mal nul part... C'était des moments où il se sentait capable d'autre chose que d'être une mauvaise personne, ça l'aidait à moins se détester quand il était seul avec ses pensées.

@Luam A. Baevalrí

Peut-être qu'il s'était trompé à propos de Luam. Il n'en était pas bien certain, l'alcool empêchait d'être capable de manipulations, mais il demeurait qu'il restait quelque chose en lui qui lui disait de rester sur ses gardes. Qu'importe s'il était sincère, n'était-ce pas la même personne qui avait mentit sur son identité ? Qu'aurait il eu à cacher ? Il avait deviné avant qu'il ne donne de faux nom qu'il venait d'une bonne famille et était un Valkyrie. S'il lui avait vraiment voulu du mal, il s'y serait pris dès qu'il en aurait eu l'occasion : après avoir vaincu les concurrents, et quand sa nouvelle cible avait été blessée. Il n'appréciait pas plus que ça ses méthodes non plus, ses grands airs de garçon à la bonne morale qui pourtant était capable jusqu'à mentir à sa patronne pour obtenir son numéro... Il n'était pas certain non plus de quelles étaient ses intentions sur tous les sujets, mais pour ce qui était d'aider au sud de la ville... Il était peut-être sincère. Il avait l'air sincère. Il ne serait pas là sinon.
Et puis, il y songeait un peu : s'il avait été à sa place, un garçon de bonne famille tenu de respecter des codes stricts, tombant sur lui, comment aurait il réagit ? Qu'aurait il fait ? Il ignorait un peu ce que ça pouvait être, d'avoir également un père strict, ce que c'était de décevoir ses parents, l'impact qu'une dispute liée à un vilain article de presse entachant la réputation de la famille pouvait provoquer... Il essayait de s'imaginer que c'était comme se disputer avec Algernon, mais la vérité était que ce n'était pas comparable : il n'écoutait pas Algernon, et iel n'avait aucun réel pouvoir sur lui. Un père, cela dit... Et puis, Luam sonnait si affecté en en parlant... L'alcool semblait le faire vite voguer entre les états, mais le sujet de l'article et sa famille, plus particulièrement en rapport avec la réaction de son père, semblaient directement le mener à paniquer ou sonner amer. Peut-être que leurs relations étaient un brin ébréchées de base... Ou que son père était sérieusement sévère...
Et Neven avait beau souvent manquer de capacités sociales, il savait qu'il était mieux de laisser ce sujet où il était, préférant donc partager la destination de la nuit au passager de la brouette. Il ne pouvait pas risquer que le Valkyrie se fasse apercevoir dans cet état, surtout venant du sud de la ville... Et de la même manière, il ne pouvait pas le laisser dehors ou à un endroit où il n'était pas sûr qu'il serait tranquille. Malheureusement, il semblait que Luam n'était pas tant que ça amateur de l'idée, faisant l'effort de s'extirper de la brouette malgré son ébriété pour faire entendre son avis sur la question. Malheureusement pour lui, ils étaient déjà arrivés, et il était hors de question pour le membre de Black Mamba de laisser l'autre jeune homme filer. S'il le faisait pas rentrer pour la nuit, il pourrait bien se faire détrousser abandonné dans un caniveau au mieux, voir finir dans une situation plus délicate pour peu que quelqu'un ait l'idée de peut-être en faire plus de choses que prévu. Mais pour l'instant, voilà que le Valkyrie s'inquiétait d'avoir été emmené à une base de Black Mamba... Et même en suggérant que si c'était le cas, il s'apprêtait à avoir des ennuis, le pauvre passager de fortune de brouettes nocturnes sembla répondre d'une manière un brin résignée. "Moins il y a de problèmes, mieux c'est," philosopha Neven avec un air entendu. A dire ce genre de choses, il se sentait presque mature... C'était un truc qu'avait dû dire quelqu'un, mais il ne savait plus rien... Ah... Mais répéter ces choses lui faisait presque se sentir comme plus sage qu'il ne l'était vraiment. Après tout, il était un peu un professionnel de la collection de problèmes... Et il était vrai que plus on en avait, moins on s'en sortait. Mais il s'en sortait quand même ! Tout allait bien ! En faisant n'importe quoi, on arrive toujours n'importe où ! Pas de plans, pas de déceptions !
Puis, après encore quelques mots échangés avec Luam qui lui parurent guère intéressants, il alla le soutenir pour monter les escaliers après lui avoir re-volé son instrument, ne songeant qu'à exactement quoi faire une fois entré, avant d'être surpris par les paroles du Valkyrie. "Eh, c'est quoi ton pro-" commença t-il, évidemment piqué en entendant qu'on l'accusait d'avoir bu sur le même ton qu'Algernon prenait quand il revenait blessé d'une mission. Reculant son visage avec un air agacé alors qu'il semblait que le jeune homme à côté semblait bien décidé à le renifler, il pris un air boudeur face à son enthousiasme en relation avec ce qu'il avait sentit, marmonnant un "La fraise c'est un parfum d'gangster, j'espère tu sais..." Et on trouvait ce parfum de gangster en achetant du shampoing dans la plupart des supermarchés lambdas. Vrai gangster se lave avec des produits premier prix qui sentent bon le fruit chimique trop sucré, c'était bien connu.
Puis, arrivé sur le palier, il s'empressa de distribuer les instructions, rassuré de trouver un interlocuteur attentif, le conduisant ensuite à l'intérieur, tachant de ne pas trop faire de bruit, n'allumant que la lumière la plus éloignée des portes des chambres de ses colocataires assoupi-e-s. Même s'il se trouvait donc plus ou moins en mode exécutif, déterminé à amener Luam d'un point A à un point B, sa remarque le fit se tendre imperceptiblement, lèvres pincées, partagé entre être vexé et honteux. Vexé parce que qu'est ce que ce fils de bourgeois venait faire à se permettre des remarques alors qu'on l'accueillait gratuitement ?! C'était tout de même une habitation, l'ameublement actuel était de leur fait, tout était habité par les petites touches de personnes qu'il aimait sincèrement, d'un objet de décoration égaré à quelques égratignures sur un mur... Mais de la même façon, il se sentait honteux. S'il avait pu rapporté plus d'argent, il aurait pu leur payer un meilleur endroit où vivre. Il savait que ce n'était pas idéal, que c'était trop petit, vétuste, qu'il manquait d'espace privé à chacun-e, et que l'immeuble n'était même pas si bien placé pour prendre les transports en commun et se rendre au travail ou l'université... Grâce à Black Mamba, il avait pu trouver cet endroit où se poser, mais depuis, il n'avait jamais réuni assez de ressources pour payer pour leurs besoins de base, des extras, des imprévus, et mettre assez de côté pour aller ailleurs... Mais il n'avait pas de diplômes, pas de contacts, comment trouver quelque chose qui payait mieux que des petits jobs à l'arrache ? Son emploi le plus stable ne durait que depuis deux ans, et ce n'était certainement pas un temps-plein non plus. Algernon avait un métier plus stable, mais tellement exigeant qu'iel ne pouvait pas se permettre plus... C'était donc à lui qu'il incombait de faire mieux, non ? Pouvait il laisser tout le monde ici pour longtemps encore ?
Abandonnant Luam sur le canapé, il présenta un peu les lieux pour lui indiquer où aller en cas de besoin, laissant tomber l'information sur l'absence de chauffage, la culpabilité flottant un brin derrière ses mots. Certes, le Valkyrie serait en sécurité ici... Avec un toit sur la tête et quelqu'un pour veiller sur lui... Mais ce n'était en effet pas le meilleur refuge non plus. Et maintenant qu'il y pensait, il ne se sentait pas si motivé à l'idée de nettoyer derrière une personne ivre si celle-ci avait un accident. Alors, inquiet, il demanda comment se sentait la personne désormais assise sur le canapé, rassuré face à sa réponse. Il n'était pas si difficile, finalement...
Même si Luam était techniquement un semi-ennemi, pour cette soirée, il était un protégé. Et il était un peu courant que Neven perde de vue ses sentiments néfastes initiales, emporté par l'affection que lui évoquait l'air confus et innocent du dernier invité, lui ébouriffant les cheveux en se disait que de toute manière, ça ne pouvait se faire que s'il était ivre. S'il avait été un inconnu... Ou quelqu'un avec qui il était en bons termes... Peut-être qu'il lui aurait proposé de revenir s'il en avait besoin. Mais ce n'était pas ce genre de personnes, il n'aurait pas besoin de son aide cette nuit passée, alors cette proposition resta lettre morte au fond de son esprit.
Vaguement amusé par le comportement du Valkyrie, qui une fois emmitouflé dans le plaid lui avait fait dos pour cacher ses joues rouges, sa tête elle aussi désormais sous le tissu, il ajouta ses propositions classiques, probablement un peu trop prompt à oublier qu'on ne s'occupait pas d'un adulte bourré comme d'un petit garçon. Les enfants s'endormaient plus facilement avec une histoire, ça stimulait leur imagination sans leur laisser l'occasion de ruminer et faire des insomnies seuls à s'imaginer des monstres sous le lit... Et puis les peluches étaient de bons compagnons face aux cauchemars. Il n'était pas certain, mais peut-être que ça marchait aussi pour les plus grands, non ? Mais au lieu de demander l'histoire, la peluche ou les deux, le jeune homme caché sous le plaid s'était plaint d'un mal de cœur. Dû à l'alcool ? Une maladie ? "Mal au cœur..? C'est comme ça quand tu bois de l'alcool ? Ou tu as des problèmes de cœur ?" Il n'était pas celui ici qui s'y connaissait plus que ça en médecine. Il avait quelques bases en relation avec ce qu'il avait appris ça et là, puis sa formation pour pouvoir obtenir des jobs en tant que garde du corps, mais il ne savait pas trop quoi faire s'il s'agissait d'une maladie. A part lui conseiller de rester calme et respirer bien fort...
Mais visiblement, le Valkyrie n'était pas si malade que ça, sa tête dépassant du plaid, posant une question qui pris un brin de court le Sluagh. Silencieux, confus, il le regardant se mettre dos au canapé et tendre un bras, comme pour lui faire de la place, avant de l'inviter à venir à côté. Il n'y avait rien d'agressif dans le geste, mais le membre de Black Mamba s'était rembruni, rattrapé par un élan de méfiance ne bougeant pas de sa position. Il savait que c'était une proposition sans mauvaises intentions, ça n'aurait pas de sens sinon... Mais c'était un quasi inconnu. Il ne pouvait pas être à côté d'un quasi inconnu. Encore moins avoir plus que ça se contacts physiques avec. "Ecoute, je..." Par réflexe, il avait envie de proférer des menaces, ou sortir des excuses lui inventant de vilains réflexes qui le pousseraient à éjecter quiconque aux alentours par-dessus bord ou à les attaquer dans son sommeil à cause de cauchemars... Mais ce n'était pas vrai, et même s'il tenait à son image de gangster, il faisait face à une personne ivre et vulnérable, et il n'était pas capable de surjouer ce genre de traits dans cette position. "J'aime pas... la proximité physique avec les gens..." Du moins, pas des gens en qui il n'avait pas un petit peu confiance. Il était exagérément tactile avec Amicia, et les personnes pour qui il avait de l'affection, mais ce n'était jamais qu'après avoir gagné des miettes de tolérance de son subconscient traumatisé. C'était plus fort que lui autrement : il était terrifié à l'idée que quiconque le touchait allait le faire juste pour le malmener, qu'il ne pouvait y avoir que de mauvaises intentions, qu'il allait être dépossédé de son propre corps et sa propre identité juste comme ça. Et s'assoupir près de quelqu'un... C'était d'autant plus sensible qu'il tendait à souvent faire de cauchemars et peiner à prendre conscience de la réalité au réveil, ce qui était donc immanquablement un détail qui faisait qu'il ne pouvait définitivement pas accéder à la demande de Luam, qu'importe la bonne volonté derrière.
S'asseyant donc près du canapé, il se contenta de passer à un autre sujet, et de réfléchir à une histoire. Quelle histoire raconter à un Valkyrie ? Est-ce que les classiques qu'il racontait aux enfants pouvaient seulement suffire dans ce genre de cas ? Mais alors qu'il était perdu dans ses pensées, le jeune homme enroulé dans le plaid marmonna une nouvelle chose qui le fit soupirer. Il n'avait pas besoin de son aide... Et puis, il devait rendre ce fichu argent... Il détestait cette manière qu'il avait de le faire se sentir minuscule, impuissant et inutile. C'était comme s'il lui répétait qu'il était un incapable qui ne pouvait jamais rapporter aux personnes qu'il était sensé protéger que des miettes, un appartement vétuste, et des breloques stupides. Et ses amis... "C'pas vraiment mes amis..." Il les avait présenté ainsi, parce que c'était plus simple, mais était-ce vraiment le cas ? Est-ce que quelqu'un le considérait ainsi ? Il avait toujours l'impression que tout le monde était lointain, de ne pas faire partie de la même galaxie, de quelque part surtout encore n'être vraiment proche que d'Amicia, qui se détachait plus elle grandissait. "Y sont v'nus ou j'les ai récupérés... Ici... C'plus un refuge qu'autre chose... C'est chez eux... Mais iels méritent un meilleur endroit..." Tout le monde était tombé ici parce qu'il n'y avait pas vraiment d'autres options. D'autres auraient pu leur proposer mieux... Avec Black Mamba, iels auraient eu d'autres options, mais la contre-partie certainement aurait été bien dissuadante...
Un bref soupir lui échappa, teinté de mélancolie, alors qu'il croisa les bras sur le rebord du canapé pour ensuite y poser sa joue. "Tu préfères quoi comme histoires ? Je peux te raconter des histoires avec des étoiles, des tortues, des lapins..." Les enfants préféraient souvent les contes à propos de petits animaux, mais qu'en était il des adultes ? Il n'en savait rien. Il en avait raconté énormément aux enfants qu'il avait gardé et Amicia, il avait même probablement raconté des histoires bien avant de savoir se battre. Prendre de l'âge dans un orphelinat, c'était un peu toujours devenir gardien-ne avant l'heure. Quelques part, c'était un set de capacités secrètes qui lui servait plus qu'il aurait pu l'imaginer. "Hum... Je crois que j'ai une idée." Se baissant pour regarder sous le canapé, il en tira une boîte en carton d'où il extirpa un petit lapin en peluche. Refermant la boîte, il posa l'animal devant Luam, attrapant les pattes comme pour pouvoir manuellement de dos l'articuler. "Il y a très très longtemps, bien avant la catastrophe provoquée par l'Honkai, alors que la lune était ronde et tachetée, vivait ici une très jolie princesse. Elle habitait avec sa famille, ses parents qui ne s'entendaient pas trop, et de vilaines cousines qui se moquaient de ses livres préférés... Sa vie était malheureuse, elle était enfermée dans sa chambre, à regarder le ciel à travers des rideaux blancs, n'ayant jamais vu au dehors ce qui se trouvait. On lui avait dit qu'il y avait pleins de méchants loups dehors, et que si elle sortait, elle, fille du soleil, se ferait dévorer... Mais un jour, alors qu'elle regardait par la fenêtre, elle aperçu un lapin..." Soignant sa diction, tâchant d'éviter les mots un peu trop vulgaire, parlant doucement et distinctement comme s'il s'adressait vraiment à un public d'enfants, il faisait bouger la peluche tout en parlant, narrant des suites de péripéties d'une princesse cherchant à s'échapper, de lapins déguisés en grands méchants loups, et d'un voyage sur la lune pour échapper à la famille de la princesse. Des éléments avaient changé depuis la dernière fois qu'il l'avait racontée, Amicia n'avait plus besoin d'histoires pour éviter les cauchemars et se calmer de crises de panique, et les différents enfants gardés lui avait souvent fait changer les détails. Mais au fond, la fin était toujours la même. "Bien que maudite par sa famille, la princesse pris l'escalier vers la lune en compagnie des lapins sélénites, et y établit le plus beau des palais, caché de tous regards, divins ou mortels. Là, elle vit depuis avec ses compagnons, qui lui fabriquent tous les jours des remèdes pour apaiser ses chagrins et ses douleurs. Et la nuit, elle allume dans petites lanternes sur la lune, pour que tout le monde puisse la voir depuis le ciel.." C'était évidemment faux, et il n'y avait que les enfants qui y croyaient. Il avait lu tôt dans les vieilles encyclopédies d'avant l'Apocalypse que tout n'était jamais qu'une histoire de soleil et de comment bougeait la lumière. Alors, quelque part, peut-être que le conte était moins impactant raconté à un adulte, aussi ivre soit il. Alors, terminant son histoire, il arrêta de se cacher derrière la peluche poilue pour consulter du regard comment Luam était. S'était il endormi ? Ou avait il apprécié l'histoire s'il avait tout écouté ?

@Luam A. Baevalrí

Il y avait quelque chose coincé entre l'absurde et le questionnable à accueillir sur le canapé d'un appartement miteux un Valkyrie ivre avec qui il ne s'entendait même pas bien. A bien considérer les choses, qu'il y avait eu un-e Valkyrie avec qui il aurait été plus probable qu'un tel évènement arrive, ça aurait été Elena : iels ne s'entendaient plus, mais il n'y a pas si longtemps, il y avait eu une entente. Mais voilà que le premier Valkyrie à approcher des choses les plus précieuses qu'il avait été Luam, une personne qu'il avait probablement menacé de mort... Qu'une seule fois et juste pour bluffer, certes, mais tout de même.... Ce n'était pas qu'il l'appréciait désormais, juste qu'il ne pouvait pas le laisser mourir de froid et se faire jeter dans un caniveau après s'être fait détrousser sans rien faire : ce n'était pas là l'éthique d'un gangster. En soit, un gangster, c'était un peu pleins de choses... Un gangster n'abandonne pas les gens, un gangster a un code d'honneur, un gangster utilise du shampoing fraise... Neven était très sérieux à propos de tout ça, cette identité c'était aussi un peu son bouclier naturel.
C'était un hasard, si le gangster de l'appartement s'était pris d'affection pour un Valkyrie ivre, lui cédant un canapé et le recouvrant avec un plaid, s'inquiétant de son état en l'entendant évoquer un mal de cœur. Il s'était enquit de son état, acceptant simplement sa réponse quant à l'origine des douleurs : c'était probablement l'alcool, s'il ne buvait pas souvent. Il ne savait pas vraiment si c'était vraiment possible, il n'avait pas été ivre tant de fois que ça dans sa vie, il n'approchait pas vraiment ce genre de boissons, mais il supposait que ça pouvait avoir ce genre d'effets secondaires. Après tout, il titubait et agissait déjà comme un pauvre enfant perdu, s'il avait aussi mal au cœur en plus de légères nausées, ce ne serait pas si étonnant, non ? Il n'était pas Algernon, il n'en savait pas autant, et ainsi, il en convint que ça devait juste être ça.
Mais fort heureusement, Luam n'était peut-être pas si malade, s'agitant à nouveau, avant de lui proposer de dormir à côté. Cette dernière idée jeta un froid, quelque chose qui poussa Neven à se rappeler de la situation, de qui était en face, et fit remonter des élans de méfiance, quand bien même l'idée ne semblait pas être un piège ou cacher de mauvaises intentions. Il n'était pas spécialement à l'aise à l'idée de s'étaler sur les raisons du pourquoi il refusait son offre, mais il prit le temps de modérer ses propos, se disant qu'il n'y avait rien à gagner à se montrer subitement agressif à nouveau avec une personne vulnérable. Le Valkyrie ne pouvait rien faire, il était même peu probable qu'il ait la tête à sortir son téléphone portable pour causer des soucies d'une quelconque manière... Toutefois, sa réponse sembla vexer le Valkyrie (?), celui-ci d'un geste vif ramenait le plaid sur lui-même, haussant subitement la voix en affirmant que lui non plus, il n'aimait pas la proximité physique avec des personnes. Fronçant les sourcils, prêt à le rattraper pour le volume sonore emprunté, il tendit l'oreille, guettant chaque son, craignant que quiconque ait été réveillé. Il ne se détendit qu'en entendant rien de plus que la voix de Luam, infiniment plus petite, comme s'il n'était jamais plus qu'un minuscule chinchilla roulé en boule sur un grand canapé, expliquant les raisons de sa proposition. "C'pas ta faute, c'la faute du gars qui t'a fait boire contre ton gré..." Parce qu'il n'aurait jamais eu à la ramener si cette personne n'avait pas été là. Donc n'était-ce pas de la faute des personnes qui agissaient mal, enivraient leurs victimes et essayaient de leur faire les poches ? Il devrait peut-être coincé ce type dans un coin sombre un de ces jours... Peut-être qu'il ne le faisait qu'à des personnes fortunées, mais il n'était pas certain non plus...
Luam semblait ne pas tant que ça apprécier squatter l'appartement, et proposa son aide pour le chauffage. Mais quelques part, ça ne fit jamais qu'enfoncer un brin l'humeur du Sluagh. Il se sentait incapable, inutile, tellement nul qu'un Valkyrie devait lui proposer de l'aide pour répondre aux besoins des personnes sur qui il était sensé veiller. C'était humiliant, d'autant plus que ce n'était pas la première fois : il lui avait déjà donné de l'argent, et il avait détesté le geste. C'était évidemment cette fois pour se venger, mais il n'avait pas été moins vexé qu'on lui signifie à quel point il était inférieur et dépourvu de valeur. Est-ce qu'il le voyait toujours ainsi ? Est-ce que c'était quelque part l'avis qui transparaissait à travers les mots de l'invité impromptu ? Et puis, ses amis... Vivait il avec des ami-e-s ? Il n'en était pas sûr, tout le monde n'était jamais ici que par un concours de circonstances... Tout le monde allait partir. C'était toujours comme ça. Et puis, iels méritaient mieux que vivre ici.
Soupirant, un brin mélancolique, il préféra toutefois proposer une histoire pour aider l'invité à s'endormir, listant quelques idées, dans un premier temps incertain de quoi choisir, avant de simplement se décider pour un classique. Se penchant pour attraper la boîte secrète sous le canapé, il en avait sortie une peluche, qui serait son outil de narration idéal. Les enfants aimaient beaucoup les histoires, mais offrir un aspect visuel ni trop distrayant ni trop inerte avait toujours aidé à les apaiser pour s'endormir plus vite. Faire bouger une peluche le long d'une histoire, c'était une évidence qui avait d'autant plus d'intérêt quand la dite peluche pouvait être un personnage. Ainsi, assis par terre, il commença son histoire, articulant le petit lapin entre ses mains, le faisant s'agiter sous les yeux du Valkyrie ivre, inconscient quant aux potentiels parallèles entre la princesse de son histoire et le garçon qui suivait ses péripéties. La fin était heureuse à son sens : elle se libérait, et elle ne souffrait plus car elle avait des ami-e-s pour veilleur sur elle. Et puis, chaque soir, on pouvait savoir qu'elle était là et allait bien en apercevant la lune... Mais Luam sembla moins convaincu, tendant la main pour caresser la peluche face à lui -décidément, un grand adulte ce n'était finalement pas bien plus compliqué qu'un enfant-, affirmant que c'était triste, qu'elle ait été maudite par sa famille sans raison. Les adultes d'une famille étaient sensés veiller sur leurs enfants, que ça soit leurs fils, les filles, leurs neveux ou leurs nièces. C'était une évidence qu'on présentait souvent.. Mais face au sourire et aux regard ensommeillé du Valkyrie, il se passa de commentaires inutiles, préférant en rester au positif. L'histoire se terminait bien, parce qu'elle avait une deuxième famille après tout, et une meilleure que la première. "Hum, maintenant elle n'est plus toute seule dans une famille qui l'aime pas à sa juste valeur." Quant à si les rongeurs s'étant installés avec elle étaient heureux... Probablement. On ne partait pas sur la lune avec quelqu'un qu'on n'aimait pas. Et il lui semblait que quand on aimait quelqu'un, on était capables de tout. Il serait capable de tout pour Amicia... Bon, peut-être pas tuer non plus... Mais tout, sinon. "Oui, tout le monde est heureux de l'avoir accompagnée. Les lapins aiment la princesse, c'est normal de partir avec elle." Mais Luam avait déjà fermé les yeux, sa respiration désormais lente, comme s'il s'était subitement assoupi.
Déposant le lapin non loin du Valkyrie, ne sachant pas trop s'il devait le lui mettre dans les bras comme pour un enfant ou pas, il se pencha toutefois pour dégager les mèches de cheveux retombant sur son front, déposant ses lèvres sur son front accompagné d'un très bas "Bonne nuit", comme par habitude, avant de se relever. Puis, une fois debout, il plissa des yeux, incertain, comme un ordinateur en plein bug informatique. Ce n'était pas Amicia ou un enfant sur le canapé. Il avait... Reconnaissant du fait que tout le monde dormait à poing fermé, personne étant ainsi capable de voir à quel point il était subitement devenu rouge de honte, il s'était dirigé vers l'autre bout du salon pour atteindre un réfrigérateur débranché. Ouvrant la porte, il en sortit l'argent liquide offert par le Valkyrie, retournant auprès de l'endormit sur le canapé, prenant toutes les précautions du monde pour lui remettre la chose dans les poches sans le réveiller. Il était hors de question qu'il garde ça maintenant !
Puis, il constata la situation, poings sur les hanches, se posant finalement la question problématique : où dormir ? Pouvait il se permettre une nuit blanche ? Il avait une mission le lendemain soir, il serait mieux d'avoir un peu sommeillé... Mais où..? Tant pis, parfois, il n'y avait juste pas vraiment de place. Ainsi, il se cala dans un coin de pièce après avoir ramassé un pull et éteint la seule lumière allumé, roulant en boule le vêtement en guise d'oreiller, calculant mentalement les écarts avec les portes pour s'assurer de ne pas s'en prendre une en pleine figure. Puis, satisfait, il se roula simplement en boule par terre, s'entendant sur le fait qu'il était mieux de dormir d'une manière inconfortable que de ne pas dormir du tout, avant de fermer l'oeil à son tour.

Il ne fut réveillé que quelques heures plus tard, tiré de son sommeil bien trop léger par les chuchotements hâtifs de quelques souris dans le salon, s'étant glissées au coin cuisine sans pourtant pouvoir s'empêcher de spéculer. C'était inévitable : il ne pouvait y avoir que des questions. Il se redressa donc sans attendre, ankylosé, un brin éblouit par la lumière du jour filtrant déjà à travers la vitre, avant de saluer le reste de la maisonnée, encore ensommeillé. Ne préférant pas répondre aux questions en premier lieu, il se contenta simplement de salutations et de chercher à prendre tout le monde à la fois dans ses bras faute de préférer la praticité du un à un, se laissant apaiser par l'odeur familière des colocataires de l'appartement. Ça sentait le matin, le sommeil, quelques émotions simples qu'il pouvait désormais reconnaître à force de fréquentation, rassuré de ne ressentir aucun sentiment de détresse chez ses protégé-e-s.
Il manquait toutefois encore le problème. Il savait que tout était plus simple avec Swan, Naevis et Amicia, qu'il pouvait se contenter d'agir comme d'autres matinées, comme s'il n'y avait personne sur le canapé, les observant s'activer pour avaler un petit-déjeuner avant le départ en cours. Rassuré par le fait de retrouver cette domesticité habituelle, bien qu'un peu triste que la situation ne permette à personne de s'agiter et faire du bruit plus que ça, il veilla au grain, servant un verre de jus d'orange furtif à quiconque en oubliait un, tartinant les tranches de pain pour Amicia, avant de les guider vers la sortie. Mais il y avait qu'il manquait une personne. Il n'avait pas encore croisé quelqu'un.
Et à peine la pensée eut plus sérieusement effleuré son esprit, la silhouette d'Algernon était apparue non loin, apportant avec elle cette expression sévère qu'il connaissait trop bien. Toutefois tout sauf intimidé par la mauvaise tête de l'autre gardien-ne de la maison, il se contenta de l'accueillir comme un chiot enthousiaste, s'approchant pour lui tirer les joues dans un geste quasi provocateur, avant que sa cible ne s'échappe. Évidemment. Lui imposant d'abord un silence hostile, Algernon en était ensuite venu à ses discours moralisateurs habituel, tandis qu'iel se faisait son petit-déjeuner, Neven n'écoutant jamais que d'une oreille. C'était toujours la même chose, de toute façon...
Toutefois, un bruit plaintif coupa le discours de la personne la plus responsable de l'appartement, jusque là trop occupé-e à répéter à quel point il était imprudent de ramener n'importe qui ici sans son approbation, les deux tendant l'oreille avant de se tourner vers le canapé. Le Valkyrie était il réveillé ?
C'était une évidence pour Algernon, que l'invité était sortit de son sommeil, et, iel se contenta de tendre un verre à Neven, marmonnant un "prends tes médicaments et occupe-toi de ce problème tout seul. Je pars travailler, et quand je reviens, le truc a intérêt à avoir disparu." Classique. Mais c'était vrai que c'était ses problèmes à lui... Il l'avait ramassé, il devait assumer jusqu'au bout... Râlant dans sa barbe inexistante, obtempérant pour une fois aux instruction d'Algernon qui déjà se dirigeait vers la sortie, il n'alla même pas lui souhaiter une bonne journée, se contenta de fixer de loin Luam. Est-ce qu'il était dangereux désormais ? Etait-il lucide ?
S'approchant du canapé, gardant ses distances, comme craignant qu'on l'accuse subitement de kidnapping (se souvenait il seulement d'avoir été ivre ?), il demanda : "Hum... T'es réveillé ?" La réponse était évidente, mais c'était toujours mieux de poser la question. Et pourquoi avait il fait ces bruits bizarres ? Il avait mal quelque part ? Est-ce que c'était à cause de l'alcool ? Peut-être qu'il devrait lui chercher un anti-douleurs...
S'éclipsant donc à nouveau côté cuisine pour chercher une petite pilule blanche -c'était que ces petites choses servaient souvent ainsi, donc elles n'étaient plus dans la salle de bain-, il s'occupa ensuite de remplir un verre d'eau, approchant du Valkyrie, non sans une certaine prudence. De quoi se souvenait il exactement ? S'il ne se souvenait de rien après le début de discussion au bar... Et qu'était il sensé lui dire ? Il ne croirait probablement jamais la vérité ! "Tiens. Pour tes douleurs," se contenta t-il d'énoncer, tendant le verre d'eau et la petite pilule. Pourvu qu'il n'ait pas des envies de vengeances non plus pour la brouette... Ou qu'il s'imagine des choses... Et s'il croyait vraiment qu'il l'avait kidnappé ? Avait il encore des nausées ? Qu'est ce qu'il était sensé faire désormais ? Attendre qu'il aille mieux et le mettre dehors ?
Il resta là, le fixant en chien de faïence à distance raisonnable, incertain seulement de la démarche à suivre. Au pire, s'il était menaçant ou désagréable, il n'aurait qu'à lui mettre un coup de boule ou le mordre, ça devrait régler des choses.

@Luam A. Baevalrí

Neven n'avait définitivement pas souvent une vision sur le long terme quant à ses actions impulsives poussées par son incapacité à laisser quelqu'un se faire déplumer et abandonner dans un caniveau en paix. Bien sûr que ramener un jeune homme bourré à l'appartement et le border comme un petit garçon était la partie facile... Mais maintenant que tout le monde savait qu'il avait encore ramassé n'importe qui sur la route, et qu'Algernon n'avait évidemment pas fait semblant de ne pas remarquer l'intrus sur le canapé de leur lieu de vie, il faisait déjà un peu moins le malin... Pire encore : voilà que le Valkyrie squattant le canapé était réveillé, signifiant qu'il avait repris conscience par des grognements disgracieux. Un mal de tête, avait quand même eu la capacité de deviner le Sluagh, bien que là n'était certainement pas l'ennui principal.
L'ennui principal, c'était qu'il devait s'occuper de ça tout seul comme un grand, et s'arranger pour que Luam sorte en un morceau et pas trop tard pour pouvoir aller au travail et s'assurer que personne ne soit présent au retour d'Algernon. Réalistiquement, il n'avait donc que quelques courtes heures. Et, le cerveau de la colocation désormais absent, abandonné seul dans la même pièce qu'un semi-ennemi cette fois plus sous l'emprise de l'alcool, il se sentait bien stupide. Tout le monde avait raison... Il n'était vraiment pas un génie... Mais il n'aurait pas pu le laisser se faire vider les poches sans rien faire, si ? Avoir empêché ça était plus important qu'avoir l'air d'un idiot.
Après avoir apporté un verre d'eau et un médicament pour le mal de crâne au Valkyrie, il ne pu s'empêcher de capter son regard inquisiteur, comme si l'espace d'un instant il s'était demandé si on lui servait vraiment quelque chose pour l'aider ou du poison. Songeait il vraiment qu'il allait l'empoisonner maintenant qu'il était réveillé et en possession de la plupart de ses capacités cérébrales ? S'il avait voulu le tuer, il l'aurait fait avant... Mais voilà maintenant qu'ils se trouvaient à deux à se fixer comme si ça allait avancer quoi que ce soit, le membre de Black Mamba s'attendant à ce qu'il prenne ce fichu médicament une bonne fois pour toute sans oser lui dire. Fallait il qu'il explicite ce qu'il venait de lui donner, ou qu'il le force à avaler ? Ou devait il le laisser faible et misérable avec son mal de tête ? Peut-être qu'il existait un type de médicament plus efficace enrobé de feuilles d'or pour les Valkyries, et donc qu'une simple pastille de paysans lui semblait étrange, sait on jamais... Et il ne pu s'empêcher de rouler des yeux face à sa questions : "J'attends qu'tu prennes c'foutu médicament." Parce qu'avait il à rester immobile avec son verre et son traitement pour son maux de crâne ? Se prenait il pour une étagère vivante ? Il n'en serait pas à la première bizarrerie... Il ne comprenait strictement rien à ce type, et maintenant que celui-ci était plus lucide, il allait à nouveau devenir trop compliqué à suivre.
Fort heureusement, il n'eut pas à improviser un quelconque plan pour forcer quiconque à prendre un quelconque médicament, se détendant un brin face à ce constat, se contentant d'un petit "hm" face au remerciement. Bien, au moins, il ne le suspectait plus d'essayer de l'empoisonner... De toute façon, il aurait eu trop à y perdre : il n'aurait pas pu cacher le cadavre, et il aurait pu amener des ennuis à tout le monde autour. Et puis, il avait beau tremper dans le crime, il n'était pas un meurtrier. Mais ça, ce n'était pas non plus comme s'il allait le partager à quiconque ignorant ce détail.
Laissant un certain silence gêné s'installer, ne sachant évidemment pas quoi dire pour meubler le temps que le maux de tête de Luam s'atténue, il se contenta de secouer la tête et soupirer face à son affirmation évidente. Il avait bien eu l'occasion de l'entendre de sa bouche déjà pendant la nuit... "J'sais, tu l'avais d'jà dit. T'as encore mal quelque part ? La nausée ?" Il avait bien eu mal au cœur pendant la nuit... Heureusement, il s'était endormit normalement et n'avait pas semblé plus que ça souffrir. Et il n'avait jamais que massé ses tempes depuis son réveil, ce qui probablement devait dire qu'il ne souffrait que d'un mal de tête.
Toutefois, il se retrouva forcé de réfléchir quand le Valkyrie lui demanda s'il avait fait des choses gênantes. Qu'est ce qui correspondait selon ses standards là-dedans ? Selon ses règles à lui, il n'y avait rien de particulièrement notable dans ce sens... Mais peut-être que pour un garçon de bonne famille, rien que le fait de s'être retrouvé ivre au point de ne plus pouvoir marcher normalement devait être source de beaucoup d'embarras. Lui demandait il aussi cela parce qu'il lui manquait des souvenirs ? Sans avoir le temps toutefois d'exprimer ses pensées et le rassurer, il observa Luam changer de couleur et subitement s'agiter, rejetant le plaid qu'il le recouvrait encore à moitié avant d'inventer une raison pour laquelle il devait le faire sortir d'ici. "Eh, attends-" Mais déjà, le Valkyrie s'était relevé, titubant encore, bien amoché par son état de quelques heures plus tôt, se confondant en excuses confuses. Lui causer des soucies ? Pour le coup, avoir à le ramasser bourré était des soucies qu'il était bien plus heureux d'avoir qu'une histoire où un fils de bonne famille aurait gardé sur un appareil des moyens de pression pour le dénoncer à la police. "Est-c'que- ?" Mais le Valkyrie s'agitait toujours, fouillant dans son manteau pour chercher il-ne-savait-quoi, s'inquiétant ensuite de savoir s'il était battu, se sentant cassé de partout. Ah, c'était vrai que dormir sur un canapé plutôt que dans un lit confortable sur un matelas à mémoire de forme, c'était plus cruel pour le dos de tout le monde... Il n'avait pas forcément dormit dans la position la plus confortable non plus. Avait il seulement l'espace pour parler, vu comment son interlocuteur semblait visiblement être comme dans sa propre dimension ? Même s'il parlait, l'écouterait il après ?
Se voyant à nouveau refiler le lapin en peluche, il cligna des yeux plusieurs fois, réalisant que Luam ne se souvenait définitivement pas de tout (pourquoi se comporterait il comme s'il l'avait volée sinon ?). Qu'est ce qu'il lui restait ? Quels morceaux avait il du scénario de la veille ? Et quelques part, il ne pu s'empêcher de se demander s'il était lui-même aussi difficile quand il sortait d'une phase de délires sans savoir où il était, ce qui c'était passé, ni plus trop qui il était lui-même. Soupirant, il laissa le Valkyrie se tromper une fois de porte pour sortir, puis ne vint le rejoindre que quand il s'approcha trop de la vraie sortie. "Tu sors pas tant qu'l'médicament fait pas effet et qu't'as pas mangé un truc. R'viens là." Quel genre de personne serait il s'il le laissait ressortir encore maladroit, souffrant, et le ventre vide ? Il était un gangster, un gangster prenait un peu plus soin des autres que ça !
Déposant le lapin sur le sommet du réfrigérateur débranché de l'entrée, il attrapa le bras de Luam, celui-ci s'étant heureusement arrêté avant de décider de juste s'évader sans en demander plus. Et il avait une question. "Benh, t'es v'nu dans la brouette," répondit Neven le plus naturellement du monde. Pourquoi mentir alors qu'il y avait tant de satisfaction à en tirer ? Il s'était bien amusé, en tous cas. "T'étais trop ivre, tu pouvais pas marcher... Puis j'pouvais pas t'porter en lieu sûr à bout d'bras tout du long... Ni t'emmener chez toi, quelqu'un t'aurais vu, ça aurait fini en article. Du coup, t'as fait l'voyage en brouette." Quelques individus plus sages auraient embellis les choses ou un peu mentit, mais pas lui, parce que c'était la vérité, et qu'il lui semblait mieux de la délivrer telle quelle. S'il se méfiait, c'était ce qu'il fallait faire, non ? S'il mentait et qu'il récupérait tous ces souvenirs, il aurait plus d'ennuis, non ?
Traînant à nouveau sans ménagement le Valkyrie dans le petit salon, il l'obligea à se rassoir, marmonnant un "Maintenant assis." Il devait lui faire avaler au moins un truc solide, et attendre que le médicament fasse effet, sinon il était hors de question de le laisser mettre le nez dehors. Il était un minimum responsable, tout de même... Et s'il sortait encore titubant et se faisait apercevoir ainsi par quelqu'un pouvant en faire un article, alors quoi ? Il aurait intérêt à ne pas lui en tenir rigueur !
"Café ? Thé ? Chocolat chaud ? Tes tartines, tu les veux grillées et avec quoi d'ssus ? D'la confiture ? Ou alors tu bouffes des oeufs l'matin ?" s'était il enquit, traînant au coin cuisine, considérant ce qu'il avait sous la main. Le jus d'orange était presque terminé, il faudrait en racheter... Puis, relevant les yeux vers Luam, il ajouta "Écoute, j't'ai ramassé d'mon plein gré. Si t'es là c'est ma faute. Alors plus de désolé pour cette nuit ou c'matin, ok ?" Comme disait Algernon, c'était son problème à lui, et il allait se débrouiller. Il prenait souvent des décisions foireuses et finissait toujours par s'en sortir après tout... Et pour cette situation... Ce n'était pas non plus si catastrophique. Il aurait préféré que de toutes ses rencontres avec Luam, celle-ci soit effectivement la pire. Mais à bien y songer, c'était leur entrevue la moins compliquée. "Et t'as rien fait d'particulièrement gênant. T'étais pas plus difficile à border qu'un gosse lambda. Puis t'es honnêtement plus facile à comprendre bourré qu'lucide." Il était mignon sans filtres, sans avoir la possibilité de jouer au grand ambassadeur de la haute société... Malheureusement, s'il fallait qu'il soit ivre pour être comme ça, ce n'était pas bien intéressant. Il n'avait pas vraiment envie de faire face au persona de quelqu'un d'important, de quelqu'un de trop sérieux et lointain, qui pouvait le prendre de haut pour une histoire de sang et de sous, alors qu'habillé comme n'importe qui, il serait impossible de vraiment constater sa différence... sauf s'il se battait. Vraiment, était-ce ça, la bénédiction divine ? Mettre des patates de forain qui feraient faire des cauchemars à n'importe qui ? Terrifiant...
"Et pour clarifier l'truc... Alge-... Lea cap'taine du coin veut juste que tu sois plus là à son retour du taff. J'aimerais juste q'tu restes l'temps de plus avoir trop mal à la tête et d'manger un truc... 'Fin... J't'ai emmené ici, c'est pas pour t'laisser sortir souffrant et affamé..." Il serait un gangster bien minable sinon. Et ce n'était pas dans ses valeurs. Il n'aimait pas non plus l'idée de laisser quelqu'un avoir faim, probablement trop marqué par les négligences et maltraitances ayant forgé son parcours d'enfant, et désormais plus que tout attaché à ne pas infliger ça à autrui. Il voulait faire mieux que d'autres avaient faits, ce n'était pas dans son idée de laisser quelqu'un être misérable juste parce qu'il l'était ou l'avait été.

@Luam A. Baevalrí

CW : émétophobie

Parce qu'il avait peut-être toujours ce manque de capacité à voir l'ironie des choses, à entendre une personne souffrante affirmer aller mal, il songea que c'était un mensonge bien pathétique. S'il ne pouvait réprimer un violent mal de tête en se levant, ne marchait toujours pas avec assurance, et avait un air si perdu, il n'allait certainement pas bien... Enfin, probablement qu'au moins, il n'avait plus mal au cœur. Est-ce que c'était par fierté, que le Valkyrie se défendait ainsi ? Ou simplement par automatisme ? Pour se défendre ? Neven ne le savait pas vraiment. Il aurait peut-être pu avoir d'autres petites informations et avoir une idée de quoi était quoi, s'il avait été un Sluagh capable de faire quoi que ce soit de ses capacités innées, mais encore une fois, il n'était face à ce genre de mystères qu'une créature dysfonctionnelle. Et il aurait sut comment réagir, si la personne en face à agir ainsi avait été Algernon... Mais c'était quelqu'un d'autre, et il préféra pour une fois tenir sa langue.
Toutefois, Luam, en premier lieu plutôt tranquille, bien que méfiant, semblait d'un coup avoir décidé de s'agiter, bien trop perdu dans sa panique pour écouter. Un brin agacé par l'idée de rien pouvoir faire pour le rassurer, C'est en l'entendant et le voyant s'agiter ainsi qu'il réalisa aussi, que de toute évidence, son invité ne se souvenait vraiment pas de tout. Il lui manquait d'ailleurs probablement plusieurs morceaux... Mais lesquels ? Difficile de le deviner, il n'était pas devin, ni le meilleur en terme de déductions... Son domaine c'était la bagarre, pas la communication.
N'ayant donc pas vraiment trouvé mieux à faire qu'attraper le Valkyrie dans le but de l'obliger à se rasseoir et au moins avaler un semblant de petit-déjeuner, pris de cours par ses questions. Il ne se souvenait même pas de comment il était arrivé là ? Mais alors, de quoi se souvenait il ?! S'il ne se souvenait même pas de ça...
Jouant la carte de l'honnêteté, le membre de Black Mamba avait donc retranscrit le voyage en brouette, son interlocuteur se mettant subitement à rire en entendant cette histoire, qui visiblement, lui semblait invraisemblable. Puis, le rire s'était calmé tandis qu'il continuait à tenter d'expliquer la situation, l'expression sur le visage de Luam changeant en quelque chose qu'il ne saurait pas bien décrire. Vint ensuite une question, dont la réponse apparue évidente à Neven. "Et si l'gars du taxi t'avais r'connu ? Puis l'temps d'retourner chez toi, ça s'trouve t'aurais vomit sur sa banquette arrière." Et puis, la brouette, c'était plus drôle. C'était même thérapeutique. Pourquoi les gens ne réglaient pas leurs différents ainsi ? Peut-être qu'il devrait proposer à Elena de la promener en brouette pour lui montrer quelques endroits sympas... Comme ça, tout serait comme avant...
Pendant la tête de côté à la question ensuite posée par Luam, il pris un air un brin inquiet. Avait il oublié cette partie-là aussi ? Il ne pouvait définitivement pas le laisser rentrer chez lui pour l'instant... Et s'il se trompait d'adresse ? Au pire, ça devrait le ramener dans la demeure familiale, non ? Mais et s'il avait autrefois habité autre part qui n'appartenait plus à ses proches ? Il n'allait pas avoir l'air fin. "T'as oublié ça aussi ?! Hum... T'es sensé t'appeler Luam Apocalypse Baevalri, et hum... Ta mère est mannequin, tu t'en souviens ?" Avait il oublié sa propre maman ?! L'alcool était définitivement une arme terrible... Ce vieil arnaqueur allait le payer s'il le recroisait.
Peu décidé à laisser sa prise de la nuit s'évaporer dans l'état actuel des choses, Neven avait repris son rôle, le traînant se rasseoir à nouveau, tout sauf décidé à parlementer. C'était où il se laissait traîner et obéissait, où il l'attachait à une chaise le temps qu'il mange ! Chez qui pensait il être ? Chez un de ces filous de la police ? Chez les gangsters, on nourrissait même ses ennemi-e-s ! Et on ne les laissait pas repartir malades ! Filant donc ensuite au coin cuisine, il s'empressa de demander ce qui intéresserait le Valkyrie, celui-ci semblant assis de telle manière qu'il irradiait le malaise. Tant pis... Au moins, il répondit au moins à sa question, demandant un chocolat chaud, le Sluagh s'exécutant tout d'abord sans un mot, s'occupant de faire réchauffer du lait, non sans relever les yeux vers l'ambassadeur avachi sur la table, ne répondant à sa demande de ne plus s'excuser que par un OK de la main. Etait-il vraiment à ce point défoncé ? Combien de verres avait il bu ? Lui avait on fait boire une bouteille entière ?!
Allant chercher une tasse dans une armoire puis le chocolat en poudre, il continua en profitant du silence pour enfin tenter de rassurer le Valkyrie sur son comportement durant la nuit. Malheureusement, ce n'était pas comme si ça semblait aider tant que ça... Etait-il vraiment si mauvais ? Il lui semblait avoir pourtant parfois la possibilité de réussir à faire ça, avec les enfants ou Amicia... Parce qu'avec des personnes de cet âge, c'était plus simple. Mais face à un adulte d'un milieu complètement différent du sien, il se rendait compte qu'il avait peut-être l'air ridicule. Et avec tout ça s'éloignait peu à peu l'illusion d'aisance pendant la nuit... Une fois l'ivresse passée, aucune histoire d'enfants ne pourrait l'aider à se détendre. De plus, il se sentait lui-même presque gêné à l'idée d'agir comme pendant la nuit, face à quelqu'un qui n'avait plus l'air ni abordable, ni tant que ça vulnérable.
Déposant la tasse de chocolat chaud fumante devant le Valkyrie, il l'entendit à nouveau s'exprimer sur sa propre confusion. Pour le Sluagh, ça ne lui faisait pas tant que ça de choses, de savoir qu'on ne le comprenait pas. Il préférait ne pas être compris, ou être pris pour autre chose qu'un imbécile ou une brute, rester une figure élusive, ne pas être perçu pour ce qu'il pouvait être au fond, se cacher derrière des prétentions, des contradictions et des frasques pour ne pas être assez heurté au point de ne plus jouer son rôle. "Tu l'as dit, on est pas potes, j'm'attends pas à c'que tu comprennes, c'est juste un truc de gangsters." C'était mieux ainsi. Il n'aimait pas qu'on voit à travers lui, qu'on comprenne que le gangster n'existait en réalité même pas, qu'il n'en avait jamais pris le rôle que pour survivre, que parce qu'il pensait que c'était le genre de fardeau qu'il devait porter. Il se satisfaisait de cette situation.
Toutefois, Luam, lui, n'était pas satisfait de l'état des choses, soupirant, sentant subitement quelque chose de plutôt agressif, comme pris d'une émotion soudaine, tandis qu'il laissait entendre son désarroi à l'idée de ne pas savoir quoi dire, à l'idée que tout ce qu'il dirait ou ferait serait remis en doute à cause de son statut, marmonnant ensuite qu'il n'était pas une mauvaise personne. Etait il vexé ? Blessé ? "Ça te déplaît... de pas être compris ?" S'asseyant sur la chaise à côté, dévisageant le Valkyrie, il pencha la tête de côté, un brin confus. N'était-ce pas aussi un scénario préférable ? Qu'on ne le saisisse pas ? Les gens importants, lui avait on dit, avaient aussi tout intérêt à ce qu'on ne les perçoive pas telles qu'elles étaient... "Ou alors, est-ce que ça te déplaît, de ne pas être aimé ?" Il l'avait traité de mec louche, certes... Et il était hostile à son propos du fait de son statut et des pouvoirs qui en découlaient, certes... Mais n'était-ce pas justifié ? Il pouvait le faire disparaître lui et tout ce quartier s'il voulait. Il pouvait détruire leurs vies, il pouvait tout mettre à sac, et ne pas le payer. Parce que lui il n'était rien, et lui il était beaucoup. Beaucoup trop aux yeux de ce monde pour ses ancêtres qui n'étaient pourtant même plus en vie. Qui ne ferait pas attention face à un personne pour qui il serait si aisé de tout détruire ?
Toutefois, le changement de sujet le fit regarder dans une autre direction, ses yeux se posant donc sur le petit frigo carré de la pièce, interrogeant sur son rôle. "C'est pour mettre les problèmes." Ça n'avait aucun sens, mais encore une fois, il ne cherchait pas nécessairement à être compris. C'était un coin secret, tout le monde y mettait ses choses, personne ne posait de questions, c'était tout. Il y avait les règles écrites dans la colocation, et celles tacites, comme celles-ci, qui étaient plus une évidence pour faciliter la cohabitation. Tout le monde avait ses ennuis et ses secrets, et ces choses ne se partageaient pas vraiment... Malheureusement, il y avait des éléments déplaisants qu'on ne pouvait mettre dans un réfrigérateur comme ça, sinon Neven s'y serait enfermé tout entier.
Incapable de rester plus que ça assis, il s'était relevé pour aller chercher le lapin en peluche, toujours délaissé sur le réfrigérateur, revenant s'asseoir pour poser l'animal sur ses genoux, comme s'étant sentit à l'idée de l'abandonner là sur une armoire à ennuis. Etait-ce bien pire que le laisser dans une boîte sombre ? Il se sentait un brin coupable, de le traiter ainsi. Caressant la petite tête et les longues oreilles de la peluche, comme pour rassurer la créature inerte, marmonnant "Lui c'pas un problème..." C'était juste un lapin innocent qu'il avait trouvé derrière une vitrine de magasin, et qui avait eu le malheur de ressembler à la peluche qu'il avait eu enfant. Il n'avait pas eu grand chose en grandissant, mais il avait bien eu un lapin en peluche... Il en avait donc trouvé un autre par pur sentimentalisme, se leurrant en disant que c'était pour les autres, jusqu'à ce qu'il finisse par être là depuis trop longtemps. Ne pourrait il pas forcer Luam à l'adopter, pour l'emmener dans une des grandes tours à l'ouest de la ville ? Ce serait une belle vue, là-haut, pour une peluche lapin.... "Mais du coup, à l'ouest... Ta maison c'est toute une tour ?" demanda t-il subitement. Il était riche... Peut-être qu'il pouvait bien avoir toute une tour... Même les Imunlaukr, les moins fortuné-e-s des Valkyries, avaient une superbe demeure familiale, le plus beau bâtiment du sud de la ville... Alors avoir un gratte-ciel entier, ça ne semblait pas irréaliste dans la tête de Neven...

@Luam A. Baevalrí

CW : références à des meurtres, très rapide allusion à des violences infantiles

Neven avait une ligne à suivre pour la matinée, et il était évident que rien que pourrait dire ou faire le Valkyrie l'empêcherait d'arriver au bout de ce qui était prévu. Il devait en effet le faire déguerpir de l'appartement... Mais pas avant d'avoir pris un petit-déjeuner, ou d'avoir constaté l'effet des médicaments. Après tout : ainsi était le code d'honneur des gangsters. Même face à un ennemi, on n'engageait pas de bagarre tant que l'ennemi était à terre ou en difficulté. Enfin, c'était du moins le code d'honneur de gangster qu'il avait inventé et qu'il étoffait en improvisation sur le moment... Mais personne n'était obligé de le savoir, n'est ce pas ? Les secrets des criminels étaient après tout bien gardés...
Mais voilà qu'une inquiétude imprévue était apparue : pourquoi Luam demanderait il qu'on lui rappelle son nom, s'il n'y avait pas un ennui majeur ? Un ennui majeur du type "il ne se souvient plus que qui il est" ? Que devrait il faire de lui alors ? Le planquer dans la réserve et le faire remonter que quand Algernon fermerait l’œil, puis le marabouter dans l'espoir qu'il retrouve ses souvenirs avant le lendemain ? Avait il bu tant que ça ?! Fort heureusement, après qu'il se soit un brin trouvé agité, lui suggérant sa réelle identité, plaçant une référence à la mère du Valkyrie en espérant créer des connexions cérébrales pour rétablir sa mémoire (ça marchait probablement comme ça, non ?), l'intéressé sembla d'un coup se rappeler des choses. Avait il réussi un tour de magie, compris un truc..? C'était si facile que ça de débloquer la mémoire de quelqu'un..? Tant mieux... Probablement...
Ayant donc pu ramener l'otage-invité récalcitrant s'asseoir, il s'était affairé à lui préparer au moins une boisson chaude, tâchant de mettre quelques détails au point. Pas qu'il cherchait à jouer le terrain de la maturité... Mais il préférait qu'il soit clair qu'il n'y avait aucune histoire de bêtises ou de dettes, et donc besoin d'aucune banalité protocolaire à base de remerciements ou d'excuses. Il ne l'avait pas ramassé par affection, il avait choisit aussi les inconvénients allant avec, et aucune de ces choses n'avait pu être contrôlée par Luam. Et puis, ramasser le Valkyrie n'était pas une situation qui lui avait demandé de prendre tant de responsabilités que ça... Il s'était embarrassé de bien plus de challenges et de problèmes en ramassant une pré-adolescente en tant qu'adolescent en fuite sans argent ni où que ce soit où aller. A côté, ramasser n'importe qui dans la rue l'histoire d'une soirée, c'était anecdotique, c'était plus simple, ce n'était plus si effrayant... Même s'il était évident qu'il n'était pas ravi de devoir assumer d'avoir ramené un presque-ennemi une fois celui-ci sobre.
Il ne s'attendait pas à être compris dans son geste ni ses intentions. Il ne voulait pas être compris non plus. Il était préférable à son sens que Luam ne change pas de regard, qu'il le voit pour toujours comme un voyou, qu'il ait une mauvaise image pour toujours... Pourquoi vouloir être saisit par quelqu'un, d'autant plus quelqu'un comme lui ? Ils n'étaient pas amis. Mais quelques part, il semblait que la chose blessait le fils Apocalypse. A bien considérer les choses, celui-ci avait passé une bonne partie de leurs interractions à essayer d'expliciter ses intentions, à chercher à ce qu'on le comprenne, à ce qu'on considère son point de vue... Il était peut-être frustrant de constater que le courant ne passait pas, qu'il y avait un fossé qu'on ne pouvait traverser entre eux... Mais pour Neven, ça lui avait semblé évident d'entrée de jeu.
Toutefois, le Sluagh avait pris place aux côtés du Valkyrie, penchant la tête de côté pour le questionner, curieux malgré tout. Qu'avait il seulement de mal à ce que quelqu'un d'aussi influent que lui ne soit pas compris par un criminel associé à la plus grosse organisation criminelle du coin ? C'était pourtant évident que c'était mieux. C'était mieux même face à quelqu'un qui n'était pas un criminel. Ou alors, était-ce qu'il souhaitait juste que tout le monde l'aime ? Que tout le monde se laisse charmer par sa personne ? Il était vrai qu'il devait être quelqu'un d'agréable pour beaucoup... Son timbre de voix, sa manière de poser les mots, ses manières polies, ses expressions entre la mesure et l'attendrissant... Bon, aussi ses diplômes, sa famille et son argent, évidemment, devaient participer au capitale "je veux l'avoir en ami". Mais en dehors de ça, il lui semblait comme le genre de gens qu'on appréciait... Peut-être l'aurait il apprécié, s'il l'avait rencontré en tant qu'un n'importe qui.
Le membre de Black Mamba avait toutefois froncé les sourcils, confus, face à tout ce qu'avait trouvé à dire Luam. Arrêter de faire ça avec sa tête ? Pas impressionnant ? Mignon ? Il remettait en question son charisme de gangster ?! Il devait définitivement être encore court-circuité par l'alcool ! Voulait il la bagarre ? Fallait il lui remettre les idées en place ? Devait il menacer de l'attacher dans une cave sombre et de le livrer à Black Mamba ? Ou de le nourrir à des monstres du Fragmentum après l'avoir pendu au bout d'un canne à pêche par le col par-dessus les cristaux en périphérie de la ville ? Non, la bagarre... La bagarre réglait tout... Il suffisait de lui attraper le col et... "Humf, t'sais juste pas c'que sont les vrais gangsters..," se contenta t-il de commenter, quand ses envies de mêlée suicidaire avec une créature capable d'abimer les murs de la maison furent interrompus par une vraie réponse à ses questions de base. Il s'en fichait, qu'on le comprenne ou l'apprécie ? Quel menteur ! Mais après tout, c'était un trait qu'il avait déjà montré... "T'es un menteur, et tu l'sais. Tu voudrais être compris et apprécié. Tout c'que tu fais dès qu't'es lucide, ça r'ssemble à ça. J'comprends juste pas pourquoi t'voudrais être bien vu et saisit par un criminel..." Mais s'il ne le prenait pas au sérieux... Il croisa donc les bras, grincheux à la simple idée de ne pas être pris au sérieux. Il l'avait vu manipuler des armes et blesser des gens ! Il l'avait menacé ! Et il savait qu'il faisait partie d'une organisation criminelle ! Alors pourquoi remettait en question son charisme de gangster ? Et qu'est ce qu'il y connaissait aux gangsters, lui, en plus... Un gentil petit chinchilla en cage, ça ne touchait pas trop au crime. Et puis... En réalité, heureusement. Il avait déjà vu des cadavres. Il n'avait jamais tué quelqu'un, mais il avait vu assez de morts entre son arrivée ici et son nouveau rôle de bras armé pour connaître par cœur l'odeur que ça avait, un corps froid et mutilé, des victimes défigurées, des carcasses pourrissantes... Et lui, il était incapable d'enlever la vie encore. Il devrait le faire un jour. Mais l'idée lui retournait l'estomac et lui semblait clarifier que c'était une des quelques choses hors de ses limites. Il ne souhaiterait à personne de voir ces choses.
La discussion étant probablement inconfortable pour Luam, celui-ci avait changé de sujet, évoquant le réfrigérateur débranché et questionnant le rôle de l'objet. Répondant d'une manière évasive, sans trop s'attarder plus sur le sujet que le rôle général du meuble, se perdant à à nouveau regretter ne pas pouvoir rentrer dedans et ne plus jamais ressortir à moins qu'on ait une utilité pour lui sur le moment... Ou qu'on puisse corriger son existence... Quelque chose comme ça... Mais, alors qu'il se levait pour chercher le lapin abandonné dessus, ses petites billes servant d'yeux fixant tristement le vide, la voix du Valkyrie le tira de ses pensées. Ne sachant pas quoi dire, revenant avec la petite bête synthétique pour caresser sa fourrure, comme pour la consoler de l'avoir laissée là, il avait affirmé qu'elle n'était pas un soucie, relevant les yeux vers Luam face à ses mots en échos. "T'es pas l'problème non plus." Puis, son attention revint immédiatement à la peluche.
C'était une peluche à laquelle il était attaché, et il se rendait subitement compte que c'était peut-être ridicule. Avait il besoin de faire preuve de tant de sentimentalisme, à garder un objet semblable à un jouet d'enfance, à s'accrocher sur tout ce qu'il avait pu posséder en une vie ? S'il pouvait le laisser quelques minutes abandonné sur un réfrigérateur à problèmes, il ne se sentait pas non plus fier, à s'en trouver triste. Il avait toujours détesté qu'on fasse du mal à son lapin en peluche. Il avait vite plus pleuré pour l'animal synthétique que quand on lui faisait du mal. Elle méritait mieux que lui. Son esprit lui rappela par hasard les mots de la veille du Valkyrie, l'évocation des immenses tours à l'ouest, le poussant à demander si Luam seulement possédait l’entièreté d'une de ses tours, tout sauf déçu toutefois d'apprendre que son invité du moment n'avait qu'un appartement. Habiter là-bas, ça devait être chouette tout de même... Mais Neven avait sursauté subitement en entendant que les parents du jeune Apocalypse, certainement, pourraient se payer une tour, le regardant avec des yeux ronds. "En plus de leur logement actuel ?! Mais en plus ta famille a pas une super grande grande maison en centre-ville ?" Un bâtiment toujours moins fastueux et immense que celui des Gunnhildr, parce qu'au fond, personne n'était vraiment aussi riche que cette maudite famille à la réputation discutable... Elena devait être la personne la moins étrange là-dedans. Il n'avait jamais approché plus que ça ces endroits, mais on lui avait dit que les bâtiments avaient plusieurs ailes pour convenir à plusieurs branches des familles... Etait-ce vrai après ? Il l'ignorait.
Luam évoquant la vue depuis son appartement, le Sluagh en avait conclut qu'il devait vivre un peu en hauteur, tâchant d'imaginer ce qu'on pouvait bien voir de là. Les jolies petits quartiers de l'ouest... Peut-être le grand temple des Vidyadharas... Un ou deux jardins ? Pouvait on voir de là l'atelier de Dàshén ? Toutefois, il fut pris de court par la proposition du Valkyrie, confus. Avait il mal entendu ? Il l'invitait ? Il voulait inviter un criminel chez lui ? Il était vraiment ce genre de personne alors... Du genre à se faire plumer et à regretter qu'on ne l'ait pas sucré jusqu'au dernier centime, et à inviter un gangster... Il manquait d'instinct de survie. Et il se sentirait gêné, de seulement approcher ce genre d'endroits. Ce n'était pas son monde. "T'invites un gangster chez toi et l'premier truc auquel tu penses en motif de refus c'est mon hostilité face à ton statut... J'pense tu d'vrais plutôt penser à travailler sur ton instinct d'survie..." Il avait bien fait de l'avoir ramassé dans la nuit. Que serait il arrivé sinon ? Et à leur première rencontre, il était vrai que cet imbécile avait tenté de parlementer avec des assassins prêts à l'envoyer au cercueil en avance. Etait-ce courant chez les Apocalypse ? Le père de Luam lui avait il interdit d'acquérir ce genre de réflexes nécessaires à sa sécurité en le forçant simplement dans des apparences, de la paperasse et des études, comme il se faisait parfois pour les jeunes riches dans les séries ?
A bien considérer les choses, il devrait se montrer plus hostile pour l'encourager à se méfier, et à se protéger. Lui, il ne tuait pas, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Et il y avait mille et une manières de faire du mal à quelqu'un. Quand on parlait d'un garçon d'une grande famille, il lui semblait évident que pleins de mauvaises personnes pourraient le convoiter pour des histoires d'argent ou de pouvoir. Il avait déjà manqué de se faire tuer au moins une fois... Et probablement d'autres. Etait-il naïf ? Il semblait naïf. Il semblait même très sincèrement naïf.
Visiblement requinqué, ayant sagement terminé sa boisson (le Sluagh avait vérifié, au cas où), Luam sembla trouver qu'il était temps de s'en aller. Se relevant d'un coup à sa suite, comme monté sur des ressorts, le membre de Black Mamba l'avait donc regardé un brin en coin, suspicieux, ne sachant pas trop quoi dire ou quoi faire le temps de le mettre dehors, fronçant à nouveau les sourcils face à sa question. Etait il plus heureux en vivant ainsi ? Heureux... Ses protégé-e-s n'avaient pas trop d'ennuis... Alors il lui semblait que ça allait, que ça devait vouloir dire ça, être heureux. Il n'en était pas bien sûr, parce qu'il se sentait misérable à l'idée que peut-être, ça pourrait aller mieux, qu'il pourrait faire plus pour les autres, mais que ses efforts étaient vains parce que sa valeur était nulle. Mais au fond il était utile, il aidait un peu, alors... Et Luam ? Est-ce qu'il était heureux de sa vie de fils de bonne famille ? Il semblait subir un père plutôt strict qui tendait à l'effrayer... Et après, rien. "J'sais pas. J'dirais qu'l'argent fait quand même l'bonheur dans c'monde, mais j'pense qu'on est plus libres à Black Mamba qu'en étant fils d'un Apocalypse. Ou p't'être qu'j'me trompe... On doit juste jouer des rôles différents. J'sais pas si c'est heureux." Et puis, il ne savait pas trop non plus à quoi ressemblait la relation de Luam et sa mère, s'il avait des ami-e-s, s'il aimait son travail, s'il l'avait seulement choisit... Il lui semblait qu'il devait être proche de l'ancienne top-modèle, au vu des quelques SMS entrevus, mais le reste était mystérieux. Il y avait aussi la petite fille qu'il avait vu en photos... Une cousine ? Une enfant qu'il avait gardé ? La fille d'ami-e-s ? Sa sœur ? Sa fille ? Mystère.
Face à l'idée de ne pas se recroiser, il s'entendit simplement sur le fait que c'était en effet plus sage, lapin en peluche toujours serré contre sa poitrine, toutefois piqué par l'idée qu'il y aurait quelque chose à découvrir d'autre sous le gangster. "Qu'est c'tu connais aux gangsters, chinchilla des villes ?! Tu veux t'battre ?! T'as oublié j'suis un vrai criminel, tout c'qu'y a découvrir c'est la liste d'mes crimes et la longueur d'mon potentiel casier judiciaire," s'offusqua le Sluagh, sourcils froncés, joues gonflés, croyant ainsi convaincre de sa crédibilité. Dans la lignée, tout ce que pourrait surtout apprendre Luam, c'était probablement qu'il y avait à Black Mamba une légende sur un des bras armés à qui on avait affublé le terrible nom de "Magical Bunbun", un terrifiant personnage adepte de desserts à la fraise au charisme discutable et à l'esprit vif en bêtises.
Faisant encore un bon en arrière en sentant que ce fourbe Valkyrie lui avait asséné une pichenette gratuite, il le fixa de bas en haut avec un air courroucé -et peu convaincant-, prenant visiblement la pichenette et le tirage de langue comme une déclaration de guerre tacite. Pour qui se prenait il ?! Pourquoi ne tremblait il pas ?! Ne savait il pas qu'il avait devant lui Wolpertinger, un membre de Black Mamba ?! Un bras armé promu depuis plusieurs mois ?!
Suivant Luam vers la sortie, réfléchissant à un plan de vengeance sans pour l'instant trouver autre chose qu'entamer une bagarre directe pour régler l'ennui, il se retrouva à nouveau à penser à l'objet dans ses bras. Le lapin, le Valkyrie l'aimait bien, non ? Et dans son appartement, à l'ouest, il ne se ferait probablement pas maltraité... Il ne serait pas déchiré, abandonné, laissé la majorité du temps dans une boîte sous un canapé comme un secret inavouable... Et puis, il devait grandir. Il n'avait pas besoin d'avoir d'affaires à lui autre que le strict essentiel. Garder déjà un instrument de musique... Ça prenait de la place inutilement. Il devrait apprendre à être raisonnable, moins égoïste : avoir des affaires à lui n'était pas bien. Et il rendait malheureux ce lapin en peluche. "Dis, hum..." Il avait peut-être un pincement au cœur à l'idée de s'en séparer, comme si quelque part quelque chose en lui lui ressentait les choses comme si donner la peluche serait se débarrasser d'une amie et confidente. Mais c'était juste un objet, non ? Pas important, pas important... Et puis, chez un Valkyrie, le peluche ne prendrait pas la poussière, non ? Elle serait nettoyée, et personne ne lui pleurerait dans les poils.
Ouvrant la porte, il considéra la chose à toute vitesse. Luam ne détestait pas la peluche. Et la peluche n'avait rien à voir avec lui, non ? Et puis, quelque part, ça le soulagerait un peu, de la lui donner, non ? Elle pourrait veiller sur lui et son manque d'instinct de survie, chez le Valkyrie elle aurait une belle vie... Et s'il se débarrassait du reste du contenu de la boîte, lui il prendrait moins de place dans l'appartement. Plus de boîte, plus que les vêtements, les affaires de toilette et une guitare..! C'était tout bénéfice, non ? D'autant plus que le Luam, il ne le reverrait jamais. Ça serait moins difficile de se détacher d'un objet à valeur sentimentale s'il le donnait à quelqu'un qu'il ne croiserait plus.
Ainsi, une fois les deux pieds du Valkyrie ayant passé la porte, il se précipita pour lui coller le lapin en peluche dans les bras, lâchant en prétexte "Pour qu'tu fasses pas d'cauchemars.", avant de filer se terrer à nouveau dans l'appartement et claquer a porte sans demander son reste.
Faignant ressentir un soulagement pour auto-nier la douleur dans sa poitrine. Tout allait bien : il avait empêché un Valkyrie de se faire plumer, et l'avait chassé avant de partir au travail et le retour d'Algernon ! Tout allait vraiment formidablement bien ! Il n'était plus un enfant, il n'y avait plus rien d'innocent en lui, et il aurait plus souffert de la possibilité de garder une peluche qui pourrait s'abîmer quand autre part, elle pourrait être conservée avec plus de soin. Il ne le méritait juste pas. Du moins, c'était ce dont il essayait de se convaincre, parce que quelque chose en lui espérait qu'il pourrait retrouver ce qu'il venait d'abandonner, qu'importe la nature plus vaste des choses derrière le petit objet poilu...